Lionel Sabatté, demande à la poussière

Lionel Sabatté

Nouvel Institut Franco-Chinois

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Art Contemporain / Invité par le Nouvel Institut Franco-Chinois, Lionel Sabatté propose un parcours artistique en trois étapes dans la ville. Et présente des œuvres dont la puissance et la fragilité sont mises sous tension.

Aux Beaux-Arts de Paris, Lionel Sabatté se rongeait beaucoup les ongles pendant les cours. De ses rognures, il improvisa un jour un dessin-sculpture d'un petit visage souriant. Cette anecdote s'avérera rien moins que matricielle pour son œuvre future, et notamment pour ses dessins et sculptures constitués des matériaux les plus inattendus, voire les plus rebutants : rognures d'ongle, peaux mortes, amas de poussière, matières végétales... L'artiste part de l'informe et du rebut pour le sublimer en représentations animales, humaines ou paysagères. Il est question aussi, depuis le rongement originaire, de transmuter l'angoisse en sourire et en traits de joie. Ou plutôt de les maintenir l'un à côté de l'autre, en une ambivalence qui est la signature récurrente de ses créations artistiques : à la fois puissances de vie et figures fragiles, élans de joie traversés d'angoisses sourdes, beauté mêlée d'horreur, vitalité hantée de disparition...

Déplacements

Pour sa première exposition personnelle à Lyon, Lionel Sabatté a voulu un parcours à travers trois lieux de la ville, à l'instar de sa démarche artistique qui est déplacements, échanges, flux. Et qui est aussi décloisonnement des frontières entre l'art et la vie, le trivial et le beau. Au Nouvel Institut Franco-Chinois, on découvre notamment deux grands boucs sculptés de feuilles de thé et renvoyant à l'imagerie pariétale. L'un aux cavités oculaires profondes augurant d'abîmes inquiétants, l'autre semblant se préparer à livrer un combat. Mais ces deux bêtes imposantes, symboles de puissance sexuelle en Occident (et de fragilité en Chine), pourraient s'effondrer si on ne les bousculait, ne serait-ce qu'un peu...

Dans la cour du Musée Gadagne, fondu ou presque dans ce hâvre du 16e siècle, Lionel Sabatté présente un mûrier en fleurs, dont les pétales sont constitués de peaux mortes de pieds humains ! « C'est l'idée d'une renaissance, d'un printemps » nous dit l'artiste. « Ces éléments rejetés et dégoûtants prennent ici le statut de pétales, symboles de beauté par excellence ». Le parcours se termine dans la cour de la Fondation Bullukian avec une grue (le volatile) sculptée en bronze, mais un bronze qui a des reflets terreux, qui fond, craquèle et s'étiole par endroits. La grue s'envole et l'on y perçoit tout à la fois un effort, un arrachement, une sublimation de la matière, une fragilité, une incertitude. L'art de Sabatté n'est jamais coupé de ses origines douteuses voire inavouables, ni de son devenir existentiel parfois morbide et angoissant.

Lionel Sabatté, Qui sait combien de fleurs ont dû tomber
Au Nouvel Institut Franco-Chinois, au Musée Gadagne et à la Fondation Bullukian jusqu'au 21 juin

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