Les films sortis en salles le 21 décembre 2022

À voir

★★★☆☆ Le Parfum vert 

À la Comédie-Française, un comédien s’écroule, empoisonné sur scène. Martin, l’un de ses partenaires qui a recueilli ses derniers mots, est kidnappé le soir-même. Lorsqu’il est relâché, il découvre qu’on le suspecte du meurtre. Aidé par une autrice de BD, il va mener son enquête au cœur d’une intrigue d’espionnage international…  

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Après Le Grand Jeu et Alice et le Maire, le troisième long de Nicolas Pariser ne change pas d’univers (le cosmos politique au sens large), mais de registre en recourant à la comédie d’espionnage en mode romantique menée par un couple d’enquêteurs inattendu (Lacoste/Kiberlain) digne d’un Capra, d’un Rappeneau… et bien évidemment, d’un Hitchcock. L’hommage se fait explicite à L’Homme qui en savait trop et à La Mort aux trousses, avec enlèvement, faux coupable, MacGuffin (ici, un appareil pour diffuser des fake news) jusque dans la partition enlevée de Benjamin Esdraffo. Si un autre pan référentiel concerne la bande dessinée, présente dans décor et par petites touches allusives — on reconnaît ainsi des clones des Dupondt dans une paire de policiers belges —, le cinéaste parsème ce film profondément ancré dans l’histoire européenne d’un humour juif dont on sait ce qu’il doit à l’absurde et au tragique. Ludique et profond, Le Parfum vert est un récompense :  l’indispensable thriller papillote des fêtes.

De Nicolas Pariser (Fr., 1h41) avec Sandrine Kiberlain, Vincent Lacoste, Rüdiger Vogler…

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★★★☆☆ Godland 

Fin XIXe siècle. Jeune prêtre danois en quête de défis et d’exotisme, Lucas part en Islande pour y construire une église mais aussi (surtout ?) faire des photographies. Son voyage dans ce décor rude va bousculer ses certitudes, mais pas sa suffisance vis-à-vis des Islandais, en qui il voit des sauvages…

Derrière la splendeur des images — couleurs contrastées et éclatantes, support pellicule avec poussières incluses, format carré aux bords arrondis à l’ancienne — rendant justice à la terrible beauté du paysage islandais, une bien étrange saga prend le temps de se déployer dans le huis clos de cette île farcie de chausse-trapes. Une saga dont Lucas se pense avec orgueil le “héros évangélisateur“ et le témoin distancié grâce à ses photographies, mais dont il n’est qu’un sujet secondaire, rattrapé par la réalité du terrain, sa mauvaise conscience et l’exaspération des locaux. 

On pense fortement à Malick (mais en moins lyrique), à Bergman (mais en moins bavard), à Campion (mais en moins extraverti), à Anderson (mais en moins exalté), à Vernhes-Lermusiaux (en aussi paumé que son héros de Vers la bataille)… Toutefois, Palmason, dont on avait apprécié le polar intérieur Un jour si blanc (2020) avec déjà Ingvar Sigurðsson et la toute jeune Ída Mekkín Hlynsdóttir, trouve ici un chemin bien à lui et puissamment matérialiste pour convoquer la foi, la tentation de la chair et les tensions politiques entre l’émissaire d’un royaume colonisateur et une future ancienne colonie. Littéralement captivant.

De Hlynur Palmason (Dan.-Is.-Fr.-Su., 2h23) avec Elliott Crosset Hove, Victoria Carmen Sonne,  Ingvar Sigurðsson, Ída Mekkín Hlynsdóttir…


★★★☆☆ Tempête 

Née dans un haras le même jour qu’un cheval, Zoé avait un chemin tout tracé : devenir jockey comme son père. Mais un soir d’orage, Tempête, une jeune pouliche effrayée lui piétine le dos et la condamne au fauteuil roulant. D’abord abattue, Zoé va peu à peu rependre confiance en elle et dans les chevaux…

Suite logique pour Christian Duguay, après Jappeloup (2012) et son passé lointain de cavalier, cette adaptation d’un roman jeunesse de Christophe Donner souscrit aux règles du genre : à savoir superlativer par l’image une résilience victorieuse. Au-delà de ce cahier des charges, il y a heureusement quelques bonnes idées, notamment le fait de traiter de manière plus vaste la question du handicap, valorisant les atouts propres de Zoé après son accident, comme ceux de Sébastien, un employé décrit comme “différent”. Aucun apitoiement, aucune ambiance de dame-patronnesse, aucune mièvrerie : ici, on n’est pas dans la série Grand Galop. Chef-op’ habitué au spectaculaire, Dugay signe par ailleurs quelques morceaux de bravoure d’autant plus réalistes que les comédiens ont tourné sur leur monture sans doublure. Propre.

De Christian Duguay (Fr., 1h49) avec Mélanie Laurent, Pio Marmaï, Kacey Mottet Klein

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