"Les Fleurs bleues" : le bouquet final

Mardi 14 février 2017 / Lyon

de Andrzej Wajda (Pol, 1h38) avec Bogusław Linda, Aleksandra Justa, Bronislawa Zamachowska...

Photo : © KMBO

Wajda achève sa carrière par un film retraçant le combat de Władysław Strzemiński, artiste peintre opprimé par la férule communiste à ŁÃ³dź au mitan des années cinquante, soit pile au moment où le réalisateur y étudiait le cinéma. Quel troublant symbole !

Nullement crépusculaire ni testamentaire, ce portrait-hommage d'un homme défendant sa liberté jusqu'à l'ultime extrémité - ce qui n'est pas un vain mot pour Strzemiński, amputé d'une jambe et d'un bras - use d'un classicisme formel pour célébrer l'audace, voire la subversion de ce théoricien et précurseur de l'art contemporain. Mais classicisme ne signifie pas académisme : Wajda intègre le minimalisme chromatique, le dépouillement décoratif et architectural emblématiques de son œuvre dans l'esthétique de son film. Ce faisant, il réinscrit l'artiste polonais dans son époque, à la barbe de ses détracteurs, et montre qu'après la triste parenthèse soviétisante valant à Władysław d'être martyrisé à la façon d'un Joseph K., la postérité lui a donné raison.

Mention particulière à Bogusław Linda, l'interprète de Strzemiński, qui investit certes le corps diminué de son personnage, mais fait passer sa résolution grâce à sa seule lippe boudeuse resserrée sur un mégot. Du minimalisme appliqué.

Les Fleurs bleues

sortie nationale : Mercredi 22 février 2017
De Andrzej Wajda (Pol, 1h38) avec Boguslaw Linda, Aleksandra Justa...

Dans la Pologne d’après-guerre, le célèbre peintre Władysław Strzemiński, figure majeure de l’avant-garde, enseigne à l’École Nationale des Beaux Arts de ŁÃ³dź. Il est considéré par ses étudiants comme le grand maître de la peinture moderne mais les autorités communistes ne partagent pas cet avis. Car, contrairement à la plupart des autres artistes, Strzemiński ne veut pas se conformer aux exigences du Parti et notamment à l’esthétique du « réalisme socialiste ». Expulsé de l'université, rayé du syndicat des artistes, il subit, malgré le soutien de ses étudiants, l’acharnement des autorités qui veulent le faire disparaître et détruire toutes ses Å“uvres.