Party girl

Party Girl
De Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis (Fr, 1h35) avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour

Réalisé par trois anciens élèves de la Fémis, ce premier film suit, dans un mélange invisible de réalité et de fiction, la vie d’une danseuse de cabaret prête à raccrocher les gants et à se caser avec un homme gentiment bourru. Une réussite. Christophe Chabert

Angélique (Litzenburger), la soixantaine, mène une existence à la fois tranquille et joyeusement chaotique de danseuse dans un cabaret. Enfin, elle ne danse plus tellement, laissant ça à de plus jeunes qu’elles, se contentant de faire boire les clients. Même si elle possède encore l’envie de plaire et de faire la fête, elle sent que l’heure de la retraite approche. Alors, elle finit par céder aux avances de Michel, brave gars simple et bourru qui en pince manifestement pour elle. Ils s’installent ensemble et il la demande en mariage. Pour Angélique, cela signifie réunir ses trois enfants, dont le premier est parti à Paris, la deuxième est restée auprès d’elle et la troisième a été placée dans une famille d’accueil.

Angélique, marquise de la nuit

Party girl n’est pas un documentaire, même si tout le monde tient ici peu ou prou son propre rôle : Angélique est la véritable mère d’un des trois réalisateurs du film (Samuel Theis) et le trio cherche à créer un cinéma qui reproduirait par les moyens de la fiction un effet de réel bluffant. C’est sans doute ce qui intrigue le plus à la vision de Party girl : à aucun moment Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis n’exhibent leur dispositif, laissant le spectateur démêler la réalité du jeu. De fait, Party girl peut se regarder soit comme un super épisode de l'émission Strip Tease, la tendresse en plus, soit comme un film naturaliste en prise directe avec une réalité rarement montrée, celle des entraîneuses de bar ou de cette frontière franco-allemande que l’on traverse à pied et un verre dans le nez.

Cette capacité à se fondre dans le décor permet aux réalisateurs de filmer des moments particulièrement intimes, créant autant l’émotion que le trouble. Pour y parvenir, ils s’appuient sur un sens solide de la dramaturgie : chaque scène charrie son conflit dramatique dont la résolution dévoile un peu plus le caractère d’Angélique. Qui, c’est un euphémisme, est particulièrement complexe, tant elle se sent écartelée entre son désir de liberté totale et son envie de mettre de l’ordre dans sa vie, entre son individualisme et son besoin de collectif.

Un personnage fort et vrai, des seconds rôles pittoresques, un scénario habile et précis, une mise en scène cherchant sans cesse l’empathie du spectateur : qu’importe à vrai dire que Party girl soit de la fiction, du docu ou du docu-fiction ; c’est avant tout du bon cinéma, fait selon les règles de l’art tout en cultivant une singularité et une authenticité indéniables.

Party girl
De Marie Amachoukeli, Claire Burger, Samuel Theis (Fr, 1h36) avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour…

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