Seul-en-scène / Le spectacle à succès sur le pianiste de génie qu'était Glenn Gould débarque au Toboggan mi-janvier.
La mise en scène, les costumes, la direction d'acteur... De prime abord, tout, dans le succès théâtral Glenn, naissance d'un prodige, est honnête, un brin suranné, sans grande surprise. Et pourtant, l'ensemble fonctionne parfaitement, tant l'auteur et metteur en scène Ivan Calbérac démontre la confiance qu'il a placée dans son sujet, qui n'est autre que le pianiste canadien de génie Glenn Gould (1932-1982), célèbre notamment pour ses deux enregistrements des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach.
Relation mère-fils
Avec quelques touches d'humour bienvenues, Calbérac raconte ainsi au public la vie du musicien à l'oreille absolue, balayant 50 années d'existence du point de vue du maître comme de ses proches, fascinés autant que dépassés. La relation mère-fils est au centre du récit, la matriarche, elle aussi musicienne, ayant transféré jusqu'à l'excès ses envies de gloire sur son fils – à la maison, elle le privait de toute vie sociale afin qu'il se concentre sur son art. « J'étais un enfant, ce monstre que les adultes fabriquent avec leurs regrets » aurait là aussi pu écrire Jean-Paul Sartre.
Mais les parties les plus réussies de ce biopic théâtral sont celles imaginées autour du processus de création de Gould, lui qui, autiste, avait une pratique anticonformiste de la musique (il n'était pas muet lors des enregistrements, loin de là, puisqu'il chantonnait !) et a fini par vite abandonner la scène du fait de son hypersensibilité. Calbérac scanne Gould au plus profond de son être, auscultant les étapes de sa vie d'artiste, décortiquant sa façon de travailler comme sa douloureuse incapacité à vivre sereinement. Dur dur d'être un génie.
Glenn, naissance d'un prodige
Vendredi 17 janvier au Toboggan (Décines-Charpieu) ; de 24, 50 à 35 €
