Art contemporain / Avec deux expositions thématiques et un grand nombre d'artistes de tous horizons, le Musée d'art contemporain se focalise sur les liens actuels (ou plus anciens) entre art et technologie.
Trop cubiques, trop rondes, ou trop lisses.... Si l'on en croit les très nombreuses œuvres générées par ordinateur (par IA, logiciels 3D, etc.) et exposées au Musée d'art contemporain, l'art numérique reste globalement moche, avec un aspect "toc". Que ce soient des plantes, des fleurs, des insectes ou d'autres êtres vivants, les motifs représentés demeurent sans vie, froids, empesés. Et c'est sans doute une bonne nouvelle que la technologie, pourtant si puissante aujourd'hui, ne parvienne que très rarement à l'émotion esthétique ! Ceci dit, les deux expositions collectives thématiques proposées par le MAC ne visent pas en priorité le beau, mais relèvent de l'expérimentation, de la potentialité, de l'investigation... La première, Échos du passé, promesses du futur, « invite une quinzaine d'artistes à réconcilier nature et technologie et à repenser notre rapport au vivant ». On y verra quelques collégiens se métamorphoser en fleurs, un jardin vu par le prisme des abeilles, la reconstitution numérique d'un rhinocéros disparu... Bref, des propositions hétéroclites, parfois amusantes ou intrigantes.
Inquiéter le regard
La seconde exposition, Univers programmés, « interroge l'évolution des pratiques artistiques à l'aune du développement de l'informatique, des réseaux internet, de l'intelligence artificielle, de la réalité augmentée... » L'exposition s'ouvre sur les balbutiements des liens entre art et nouvelles technologies, avec, par exemple, plusieurs œuvres usant de télévisions de Nam June Paik et datant des années 1960, ou une vidéo assez flippante de Marina Abramović et Ulay passant de gros ordinateurs des années 1980 aux regards hypnotisés d'enfants... C'est d'ailleurs dans cette veine d'inquiétante étrangeté que plusieurs propositions artistiques nous ont particulièrement retenus. Comme ces installations du duo Kolkoz représentant en miniature deux salons spartiates et gris, avec des écrans diffusant des reconstitutions numériques de films de vacances... Glaçant ! L'artiste irlandaise Ailbhe Ní Bhriain entremêle quant à elle nouvelles technologies et techniques anciennes dans deux très grandes et très impressionnantes tapisseries représentant un montage numérique de ruines en noir et blanc. Plus loin, le photographe Thibault Brunet présente un extrait de sa série d'images Soleil noir, des paysages vus par le prisme d'une sorte de scanner à relief, rendant forêts et espaces péri-urbains à une apparence des plus étranges. Ce sont ces sortes d'images hybrides, impures, déréalisantes qui fascinent le plus dans cette exposition. Mais pour finir sur une note plus gaie, on pourra se délecter de la très belle installation immersive d'Adrien M et Claire B, ou de la désopilante vidéo réalisée en IA par Raphaël Fabre où Gérald Darmanin et Eric Zemmour se déchaînent sur une danse techno !
Échos du passé, promesses du futur + Univers programmés
Jusqu'au 13 juillet au Musée d'art contemporain (Lyon 6e) ; de 0 à 9 €
