Hugo Pratt, lignes d'horizons : planches de salut(s)

Hugo Pratt

Musée des Confluences

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

L'exposition / Arpenteur du globe, défricheur de la “littérature dessinée”, Hugo Pratt (1927-1995) a été toute sa vie à la confluence des arts et de l’aventure. Il est aujourd’hui au Musée des Confluences.

Depuis quelques jours, les voyageurs transitant par Perrache ne peuvent manquer sa silhouette reconnaissable entre mille, répliquée par vitrophanie sur les parois de la passerelle enjambant la gare. De trois-quarts dos, tourné vers l’immensité d’un ailleurs — des ailleurs —, Corto Maltese, l’incitation au voyage faite homme, n’est-il pas en ce lieu à sa place ? Il lorgne également la Confluence et son musée pluriel, où son créateur lui aussi a trouvé un asile virtuel et temporaire unissant les innombrables facettes de son existence diffractée. Une existence gouvernée par l’appel du large, de l’autre, de l’inconnu ; et le besoin de ressentir l’aventure pour en distiller les mystères.

La route est droite, mais la planche est forte

D’entrée, l’exposition met les voiles — au sens propre. Des toiles marines et cinématographiques accueillent en effet le visiteur, rappelant que la jeunesse d’Hugo Pratt fut vénitienne et baignée d’images autant que de mots. « Dans ma cité lacustre à broyer des fadaises »… Malaxe de Bashung prend ici tout son sens : on imagine l’adolescent Pratt nourrir son imaginaire de bobines hollywoodiennes — Burt Lancaster, et son sourire semi-narquois permanent, n’ont-il pas un air de famille avec le futur “gentilhomme de fortune“ ? — ; et de récits de Stevenson, Thoreau, Kipling ou Melville. Mais aussi d’albums de Milton Caniff, maître US du trait noir et blanc, dont la ligne épurée influencera l’efficacité des encrages de Pratt — planches contre planches, la filiation est patente.

Corto, l’alter Hugo

En bon apôtre de Rimbaud, Pratt eut des semelles de vent ; mais lui se contenta de trafiquer des âmes de papier. L’installation lyonnaise restitue sa fascination pour la diversité du monde, sa curiosité pour les magies et les sortilèges, les rites et les peuples. Puisant à toutes les sources et sur tous les continents bien avant que l’on formalise le concept de globalisation, il fut un passeur initiatique au niveau des meilleurs ethnographes, doté de ce supplément d’élégance pirate qu’on nomme la poésie. Masque de Papouasie, lasso à boules, sculpture olmèque, codex mixtèque, arc et flèche ici exposés apparaissent comme des témoins échappés de ses œuvres afin d’en renforcer la véracité. Quant aux immenses reproductions ocres et fauves de Fort Wheeling ou Jesuit Joe, elles sont troublantes de réalisme.

Difficile de quitter les lieux sans se demander si Corto Maltese n’a pas réellement existé. Après tout, il est le premier héros de BD à avoir été l’égérie d’une marque de parfum. De ce voyage exotique et presque exhaustif dans le cosmos Pratt, on ressort avec le désir de se perdre, à nouveau, dans ses œuvres. Le parcours muséographique ne nous offre hélas pas ce privilège ; seule l’absence de traduction en français des planches originales italiennes permet d’éprouver un sentiment combiné de frustration et d’égarement. Celui que tout voyageur endure une fois qu’il a posé ses valises…

Hugo Pratt, Lignes d'Horizons
Au musée des Confluences jusqu’au 24 mars 2019

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