De Cédric Klapisch (Fr, 1h54) avec Romain Duris, Audrey Tautou, Cécile de France...
Après L'Auberge espagnole et surtout l'affreux Les Poupées russes, il y avait de quoi redouter les retrouvailles entre Cédric Klapisch et son alter ego romanesque Xavier-Romain Duris. Or, Casse-tête chinois se situe plutôt dans la meilleure veine du cinéaste, celle de Peut-être et de Paris, lorsqu'il baisse les armes de la sociologie caustique — que Kyan Khojandi, qui fait un petit coucou dans le film, a customisée dans sa série Bref — pour se concentrer sur la singularité de ses personnages et laisser parler une certaine mélancolie.
Il faut dire que ce troisième volet raconte surtout des séparations, des renoncements et des désenchantements, sans pour autant que cela vaille constat générationnel ou métaphore de l'état d'un monde. New York n'est jamais regardé béatement pour son exotisme — ce n'est pas Nous York, donc — mais comme une ville à appréhender dans son multiculturalisme, sa géographie, son prix et ses tracas. Surtout, Klapisch, qu'on a connu d'ordinaire prompt à louer la médiocrité de ses contemporains, tire ici tout le monde vers le haut, à part dans un inutile vaudeville final, de loin la part la moins excitante du film. La comédie ne se fait pas ici aux dépens des personnages, mais avec eux.
Et la mise en scène réussit à donner du corps à tout cela, même dans de très casse-gueule séquences animées, plutôt réussies. Le temps d'une scène bouleversante au sous texte aussi discret qu'évident, il arrive enfin à lier l'histoire intime et l'Histoire contemporaine : un couple qui vient de divorcer passe devant le trou béant où, avant qu'elles s'effondrent, se tenaient les tours jumelles.
Christophe Chabert