Marvin ou la belle éducation de Anne Fontaine (Fr., 1h53) avec Finnegan Oldfield, Grégory Gadebois, Vincent Macaigne...
Depuis toujours, Marvin Bijou se sent “à part”. Traité de “pédé” et harcelé au collège, il étouffe aussi dans sa famille à peine quart-monde. Grâce à un atelier théâtre et à sa rencontre avec un metteur en scène, il va découvrir qu'une issue existe qu'il peut s'affirmer dans son identité...
Anne Fontaine a une manière de filmer la misère sociale qui rappelle, sans vouloir faire offense ni à l'une ni à l'autre, le Scola de Affreux, sales et méchants. Sauf que le cinéaste italien tournait au second degré. Pas la réalisatrice française, qui pense nécessaire de représenter dans leur caricature la plus élimée des pauvres qu'elle ne doit guère connaître. Non qu'il faille adoucir ni faire de l'angélisme, mais cette représentation tient davantage du vieux stéréotype que du réalisme — curieusement, sa vision des sphères bourgeoises est plus réaliste.
De fait, elle pousse vers une outrance aussi aberrante qu'inutile ses comédiens, au premier chef desquels Grégory Gadebois plus excessif à lui seul que toute la famille Groseille de La Vie est un long fleuve tranquille et Vincent Macaigne, surjouant la préciosité d'une voix affectée pour bien marquer son orientation sexuelle.
On ne comprend pas tellement la nécessité d'effectuer les allers-retours temporels : la construction du personnage, son affanchissement de ses embarrassantes tutelles successives étant une ligne suffisamment forte pour se suffire à elle-même. D'autant que la réalisatrice s'emploie à casser la stricte linéarité et le classicisme de son film en mettant en scène le processus d'écriture — la vraie délivrance, précédant la renaissance de Marvin. Le reste n'est même pas littérature...