"Un certain M. Piekielny" de François-Henri Désérable : incertain M. Gary

Francois-Henri Désérable

Librairie Le Square

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Littérature / rencontre / Dans son dernier roman, le jeune auteur François-Henri Désérable est parti sur les traces du fameux écrivain Romain Gary. Une enquête parsemée de touches d'humour et de malice si chères à l'auteur de "La Promesse de l'Aube". Et un texte d'une grande réussite dont nous avons discuté avec son auteur avant son passage par la librairie le Square vendredi 17 novembre.

Page 123 : « J'avais lu des milliers de pages, et à quoi bon ajouter les miennes à celles-ci ? » Ah quoi bon en effet écrire un roman sur l’immense Romain Gary, en s’intéressant principalement à l’un des personnages issus de son fameux roman autobiographique La Promesse de l'aube (1960) ? Et pourquoi pas a dû se répondre à lui-même le jeune romancier (30 ans) François-Henri Désérable. Il a eu raison.

Avec Un certain M. Piekielny, le joueur de hockey sur glace devenu écrivain est parti sur les traces de cet homme évoqué par Gary : « Le point de départ de ce livre vient d'une somme de hasards dans lesquels j'ai voulu voir une injonction à mener l'enquête sur ce M. Piekielny qui avait fait promettre au jeune Romain Gary de prononcer son nom devant "les grands de ce monde" » comme il nous l'a expliqué en interview – voir ci-dessous. Ce postulat affirmé en ouverture et le guidant tout au long du récit, il se permet surtout de nombreuses digressions fourmillant d’infos sur Gary, sur lui-même ou sur tout un tas de sujets qui rythment avec malice (le jeu de mots sur Jacquie et Michel en pleine rencontre Gary-Kennedy, il fallait oser) un roman oscillant entre réel et fiction – comme le faisait finalement magnifiquement Romain Gary.

François-Henri Désérable
Au Square vendredi 17 novembre à 18h30


François-Henri Désérable : « Le point de départ de ce livre vient d'une somme de hasards »

Propos recueillis par Nicolas Bros pour Le Petit Bulletin Saint-Étienne

Quel a été le point de départ de l'histoire de votre livre ? Est-ce vraiment tel que vous le racontez dans le livre, une somme de petits événements, et donc le hasard, qui vous ont guidé jusqu'à l'immeuble où avait vécu Gary enfant ?

François-Henri Désérable : Oui, le point de départ de ce livre vient d'une somme de hasards – un vol pour Minsk qui se transforme en vol pour Vilnius, un portefeuille volé, un train raté, telles rues empruntées plutôt que telles autres – dans lesquels j'ai voulu voir une injonction à mener l'enquête sur ce M. Piekielny qui avait fait promettre au jeune Romain Gary – qui s'appelait alors Roman Kacew – de prononcer son nom devant "les grands de ce monde".

Vous êtes le narrateur dans ce roman. C'est un changement par rapport à Évariste et Tu montreras ma tête au peuple...

Pour la première fois, l'auteur et le narrateur se confondent. Je suis comptable de chacune des paroles prononcées par le narrateur.

Il y a une frontière très ténue dans votre roman entre le réel et la fiction. Est-ce plus difficile, mais peut-être plus excitant, d'écrire dans cette optique-là ?

Le réel et la fiction s'entremêlent. Ce livre déplaira à ceux qui prétendent lire exclusivement des romans "d'après une histoire vraie" (la fameuse "non-fiction" dont je suis par ailleurs un fervent lecteur), mais aussi à ceux qui ne souhaitent lire que des œuvres de pure imagination. Ceux qui s'en foutent, en revanche, ceux pour qui la frontière entre le réel et la fiction n'est pas censée être délimitée par un mur infranchissable, ceux-là y trouveront peut-être leur compte.

Avec cette enquête dans Vilnius, vous exhumez un monde qui a disparu et dont peu de personnes se souviennent. Etait-ce volontaire d'évoquer tout cela ?

Bien sûr. Il y avait 60 000 Juifs à Vilnius avant la guerre, et ils sont aujourd'hui un tout petit peu plus de 1000. Il y avait 106 synagogues, et il n'en reste plus qu'une. Piekielny, c'est l'incarnation de ces Juifs de Vilnius, engloutis par la lame de fond rouge et brune.

Avez-vous désormais un lien particulier avec la Lituanie ?

J'y suis allé plusieurs fois, et j'y retournerai certainement. Vilnius est une ville que j'aime, que je regarde à travers un filtre sépia, et qui m'inspire une très grande mélancolie.

Avez-vous parlé avec Bernard Pivot de la version que vous avez imaginé d'Apostrophes ? Si oui, que vous a-t-il dit à ce propos ?

Non, je n'ai pas parlé à Bernard Pivot. Mais je l'ai entendu dire dans une interview que son plus grand regret était de ne pas avoir consacré une émission spéciale à Romain Gary de son vivant. Maintenant, elle existe. Et certains lecteurs se rappellent même l'avoir vue.

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