Quatre ouvrages à dévorer, à la faveur de l'été

Publié Mercredi 2 juillet 2025

Sélection / Lisons local ! La région est un vivier d'autrices, d'auteurs et de maisons d'édition prolifiques. Nous profitons donc de la pause estivale pour vous évoquer quelques ouvrages à découvrir tranquillement, à l'occasion, pourquoi pas, d'une belle journée de relâche.

Photo : Josette - Clarisse Lochmann, aux éditions Versant sud jeunesse

J'étais dans la foule - Laura Tirandaz

Poésie / Certains extraits (tantôt intrigants, tantôt inquiétants) de ce recueil étaient parus dans la revue Animal, en 2023. Depuis, Laura Tirandaz a étoffé sa prose d'autres récits, de nouvelles explorations de la foule, des corps anonymes autour desquels elle imagine des histoires, leur prêtant des intentions, des défauts, des combats et des blessures. Le recueil de 72 pages est à dévorer doucement, page après page, comme on siroterait un thé aux saveurs subtiles. On en boit une petite lampée et on ferme les yeux pour mieux le savourer, en projeter les images. Imaginer la déambulation ténue, presque en mirage, d'une mère travailleuse, d'un vieil homme alcoolique, d'un harceleur sexuel, d'une femme invisible, d'un couple qui se sépare, d'un ami ou même du bruit des bottes et de la guerre qui se profile.

Aux éditions Héros-limite ; 16€

Josette - Clarisse Lochmann

Jeunesse / Illustratrice et autrice émérite invitée régulièrement en librairies, à la Villa Gillet ou encore à la Fête du livre jeunesse de Villeurbanne, Clarisse Lochmann a livré un album qui peut être parcouru en compagnie de très jeunes enfants. Ses dessins aux couleurs diffuses jouent avec les superpositions de couleurs, des constellations de tâches dessinant des silhouettes que l'autrice ne s'embarrasse pas de gêner par des détails. Cette narration soutenue par un coup de pinceau vaporeux invite donc au rêve, mais aussi à la conceptualisation d'un espace personnel, presque intime, autour duquel on dessine soi-même des contours. Un été caniculaire et interminable, une adorable grand-mère qui ne sait plus comment occuper ses petits-enfants et un vieux sapin de Noël : l'histoire est aussi douce que les dessins qui l'accompagnent, à lire paresseusement à l'ombre d'un cyprès (ou d'un sapin).

Aux éditions Versant sud jeunesse ; 16, 50 €

Fragments d'une lutte antifasciste - Olivier Minot

Enquête / Il est peut-être un peu tard pour en parler, mais cela nous semblait plus qu'utile, par les temps qui courent. Publié aux éditions Burn-Août en fin d'année 2024 (qui, d'ailleurs, met tous ses ouvrages en accès libre sur le net) et rédigé par le bien connu journaliste lyonnais Olivier Minot (Arte Radio, Radio France, Radio Canut...), À bas l'État, les flics et les fachos - Fragments d'une lutte antifasciste retrace quinze ans de lutte des militant(e)s du groupe depuis dissout de la GALE (Groupe antifasciste Lyon et environs). Olivier Minot y a retranscrit les récits intimes de militants, dévoilant leur cheminement, parfois même leurs failles, son travail agissant comme une archive vivante et individualisée de l'hypothèse autonome. L'ouvrage participe à démystifier les discours rabâchés par de nombreux médias ; de quoi garder à l'esprit que d'autres récits existent, il suffit seulement de les trouver.

Aux éditions Burn-Août ; 14 €

Théorie de la disparition - Séverine Chevalier

Roman / « Est-ce qu'il se passe quelque chose ? » L'autrice auvergnate Séverine Chevalier a livré un ouvrage à la forme étrange. On y découvre le journal intime d'une femme de 69 ans, presque rédigé par erreur, les mots sont pourtant savamment choisis. C'est qu'elle les aime, les mots, mais les a remisés pour les laisser à son mari ; auteur émérite. Celui-ci témoigne d'une aigreur et d'une suffisance affolante, presque symptomatique des intellectuels de cette génération. Gravitant autour de cet homme, elle raconte cet étrange plaisir, cette fois-ci très féminin, à l'effacement de soi-même au profit de l'autre, entièrement dédiée à son rôle d'intendante parfaite, néanmoins jamais considérée. Il y a quelque chose de cathartique, d'envoûtant dans cet ouvrage, qui nous a fait penser, par quelques aspects, au merveilleux Apprendre à finir de Laurent Mauvignier. Par cette parole naïve, parfois même un peu agaçante, on y dissèque les enfermements, de ceux qui sont arrivés doucement, presque insidieusement, et qu'on n'a jamais vraiment remis en question.

Aux éditions La manufacture des livres ; 14, 90€