Prendre la fuite en bonne (et jeune) compagnie avec Iris Pucciarelli et Pierre Bidard

Publié Vendredi 21 novembre 2025

Théâtre / Retour de la compagnie de la Vallée de l'Égrenne à Lyon, au théâtre de l'Élysée ! "Pour la consolation", leur 3ᵉ spectacle, est une nouvelle façon pour les Normands de mettre sur le plateau des personnages mal adaptés à l'époque, en se basant cette fois sur Giono et Laborit. À une semaine de la création, ils racontent ce projet en germe depuis trois ans.

Photo : Cie La vallée de l'Egrenne © Elise Toïdé

À leur sortie de formation à l'ENSATT, section comédien, Iris Pucciarelli et Pierre Bidard ont fondé la compagnie de la Vallée de l'Égrenne, du - joli - nom de la rivière qui traverse le village de Lonlay-l'Abbaye dans l'Orne où ils se sont implantés. Ensemble ils ont déjà fabriqué deux spectacles "miroir", un diptyque, dans lequel le décalage avait toute sa place. Que se répètent les heures (2020) était inspiré du travail sur la clinique psychiatrique de La Borde et avait été sélectionné dans les prix assez repérés par la profession que sont ceux du Théâtre 13 à Paris et Incandescence organisé à Lyon par le TNP et les Célestins.

Deux ans plus tard, ils ont fabriqué Il faut tenter de vivre inspiré de La montagne magique de Thomas Mann. Le duo faisait de la place à celles et ceux qui sont inadaptés au monde en leur inventant une communauté, borderline. Leurs personnages parlaient peu, par bribes, commençant des phrases, puis les laissaient inachevées, suspendues.

Pour la consolation qu'ils « rêvent depuis trois ans ensemble » s'inscrit dans cette veine. À nouveau, ils ont eu pour point de départ un livre tombé dans leurs mains par hasard, Un de Baumugnes de Jean Giono dans lequel figure (entre autres) un musicien. Ils ont donc eu l'idée d'aller en chercher un vrai. Ce fut le Lyonnais Sly Apolinaire avec son farsifa, (petit clavier d'une trentaine de touches) et ses deux synthés. Il a rejoint sur le plateau les deux auteurs, metteurs en scène et acteurs de cette nouvelle pièce qu'ils ont évoqué auprès de nous au téléphone depuis Lisieux où le spectacle a été créé le 18 novembre dernier. La création sonore, composante essentielle de leurs deux premières pièces, s'articule cette fois-ci avec le live.

Le son, une autre narration

Autre source qui a irrigué leur travail : l'essai d'Henri Laborit, Éloge de la fuite. « La structure dramaturgique du spectacle est un dialogue entre les deux [livres ndlr]. Des personnages se sont échappés de ces écrits là. On les réinvente et on questionne au plateau les problématiques de ces ouvrages ». Le résultat tient en cinq histoires successives, celles d'adolescent·es qui apprennent à se connaître en marge d'une manifestation. On y évoque, par exemple, une femme sortant de prison qui réapprend à vivre en société. Comme souvent dans leur travail, leurs remises en questions de la société ne sont pas abordées frontalement mais toujours en arrière-plan. C'est tout ce « millefeuille » comme ils le nomment qui est la matière de Pour la consolation.

Malgré des difficultés de production indéniables, des baisses de subventions communes à tous les artistes aujourd'hui, les quatre semaines de répétitions au lieu des six dont ils auraient eu besoin, malgré la nécessité de multiplier les sorties de résidence « avec une énorme pression » pour faire connaître leur travail auprès du plus grand nombre de professionnels possibles, Iris Pucciarelli et Pierre Bidard, par ailleurs "simplement" interprètes dans d'autres projets, continuent à chercher « le politique dans l'intime » à l'instar de la militante féministe québécoise Catherine Dorion et de ses « luttes fécondes » dont il et elle se sont aussi nourris.

Pour la consolation
Du 1er au 4 décembre 2025 au théâtre de l'Élysée (Lyon 7e) ; tarif au choix

Pour la consolation

Ecrit et ms Iris Pucciarelli et Pierre Bidard, cie Vallée de l'Égrenne, 1h30