Novembre en spectacles : un festival engagé, du cabaret et des conférences presque pas sérieuses
Sélection / Quelques jolis uppercuts ce mois-ci : des spectacles engagés, des spectacles qui font rire, des spectacles à la fois engagés et drôles... le tout dans des formats qui bousculent un peu les codes de ce qui est attendu sur les planches, que ce soit ceux du théâtre, d'une conférence ou d'un spectacle de stand-up.
Photo : Photo : Philippe Stisi
Iphigénie à Splott
Quel uppercut. Avec Iphigénie à Splott, l'auteur gallois Gary Owen a écrit un monologue fiévreux et politique sur une jeune fille d'un quartier déshérité de Cardiff. Au bord de l'explosion, son héroïne défie la tragédie que la société lui promet. Sur scène dans une mise en scène rock de Georges Lini (décédé depuis la création), la comédienne Gwendoline Gauthier est captivante et bouleversante.
AM
Iphigénie à Splott
Mardi 4 novembre au Radiant-Bellevue (Caluire-et-Cuire) ; de 18 Ã 36€
L'Art d'avoir toujours raison

Un spectacle en forme de (fausse) conférence de deux (faux) scientifiques sous-titré « méthode simple, rapide et infaillible pour remporter une élection », telle est l'aventure dans laquelle s'est lancé le metteur en scène et auteur Sébastien Valignat (compagnie Cassandre) avec son coauteur Logan De Carvalho. En découle une proposition solide sur ses assises (des chiffres, des démonstrations, des exemples...) sans se priver de pas mal d'humour pour, en gros, dénoncer les failles de nos démocraties libérales. Diablement efficace.
AM
L'Art d'avoir toujours raison
Du 4 au 8 novembre au théâtre de la Croix-Rousse (Lyon 4e) ; de 6 à 29€
La Machine de Turing
En ayant porté au plateau l'histoire du mathématicien et cryptologue britannique Alan Turing, dont les travaux permirent d'accélérer considérablement la chute de l'Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale, le metteur en scène, comédien et auteur Benoit Solès a livré un spectacle passionnant sur cette figure oubliée des livres d'histoire, notamment du fait de son homosexualité. Un spectacle autant pour la mémoire que pour le plaisir du jeu, qui connaît un succès dingue (et mérité) depuis sa création en 2018, repris à Lyon sur une longue période avec un casting local.
AM
La Machine de Turing
Du 5 novembre 2025 au 30 janvier 2026 à la Comédie Odéon (Lyon 2e) ; de 10 à 40€
The Brotherhood
Carolina Bianchi avait fait une entrée fracassante sur la scène internationale avec Bonne nuit Cendrillon, nom de la drogue du violeur dont elle avait été victime et qu'elle ingérait à nouveau chaque soir sur le plateau. Pour le deuxième volet de sa trilogie Cadela Força, elle creuse le sujet du viol aussi intime que collectif. Puisqu'il nous regarde tous, elle prend sa casquette d'actrice et d'universitaire pour enquêter sur la violence masculine et comment les figures féminines ont été écrites, dessinées, filmées, assujetties, annihilées par leurs auteurs. Dans The Brotherhood, présenté pour sa première française à Lyon, elle ébranle profondément nos regards.
NP
The Brotherhood
Du 6 au 8 novembre 2025 aux Célestins (Lyon 2e) ; de 8 à 42€
Les Applaudissements ne se mangent pas
Sur une scène nue, entourée de rideaux de lamelles multicolores, la tension est palpable : musique stridente de Denis Mariotte, corps-à -corps et chocs entre les danseurs, regards durs entre le groupe et celle ou celui qui en est exclu... La violence est mise en espace avec une minutie et un sens rythmique époustouflants chez Maguy Marin. Les Applaudissements ne se mangent pas avait été créée lors de la Biennale 2002 pour dénoncer les régimes dictatoriaux d'Amérique latine. Elle est reprise en 2025 avec de plus jeunes interprètes, parce que la violence reste inchangée, là -bas comme ici.
JED
Les Applaudissements ne se mangent pas
Les 6 et 7 novembre à la Maison de la danse (Lyon 8e) ; de 14 à 35€
Le Sommet
Dans un immense refuge planté sur le toit d'une montagne, un petit groupe d'êtres humains s'apprivoise. Avec Le Sommet présenté au TNP, le Suisse Christoph Marthaler analyse à sa façon notre monde contemporain devenu fou. Et désarçonne le public.
AM
Le Sommet
Du 7 au 12 novembre au TNP (Villeurbanne) ; de 7 Ã 30€
Vaslav
Figure du renouveau cabaret (celui que les théâtres adorent programmer), Olivier Normand alias Vaslav va investir la petite scène du restaurant de la Maison de la danse pour une heure musicale littéralement envoûtante grâce un instrument de musique original venu d'Inde : la shruti-box. Voyage voyage...
AM
Vaslav
Du 12 au 14 novembre à la Maison de la danse (Lyon 8e) ; de 20 à 25€
Festiv·iel
L'excellent spectacle La Chair est triste hélas d'Ovidie avec Anna Mouglalis ; Adèle Haenel en mode conteuse à partir des écrits passionnants de la féministe lesbienne Monique Wittig ; la pièce politique Les Histrioniques par le Collectif #MeTooThéâtre ; le génial cabaret La Bouche ou encore la performeuse Rébecca Chaillon : pour la cinquième édition de son Festiv·iel « dédié au féminisme inclusif, aux cultures queer et aux questions de genre et de sexualité », le Théâtre de la Croix-Rousse envoie du très lourd. On détaille tout ça bientôt.
AM
Festiv·iel
Du 13 au 29 novembre au théâtre de la Croix-Rousse (Lyon 4e) ; prix selon les spectacles
Pourquoi les poules préfèrent être élevées en batterie
Avec un détournement habile des codes de la conférence classique (jusqu'à l'écran censé diffuser des images au public), l'auteur, metteur en scène et comédien Jérôme Rouger (ou plutôt son personnage de professeur Rouger, directeur de l'École d'agriculture ambulante) offre un drôle de spectacle rythmé qui s'autorise des digressions pour mieux amuser les spectateurs et spectatrices avant de revenir à son sujet. Lequel ? Les droits de la poule et les conditions de vie de l'œuf. Ou comment, sous couvert de jeux de mots, d'interpellations du public et de questions sans réponse, passer quelques messages bienvenus sur l'élevage intensif - d'où le titre ironique.
AM
Pourquoi les poules préfèrent être élevées en batterie
Vendredi 14 novembre au Neutrino (Genas) ; de 12 Ã 22€
C'est pas facile d'être heureux quand on va mal
Dans la catégorie théâtre à succès qui a pour ambition de divertir tout en s'appuyant sur des bases solides (notamment niveau texte), C'est pas facile d'être heureux quand on va mal fait parfaitement le job. Sorte de vaudeville contemporain, le spectacle de Rudy Milstein, Molière 2024 de la meilleure comédie, suit les aventures de « cinq Parisiens en quête du bonheur, une mission qui semble tout sauf simple, parce que c'est pas facile d'être heureux quand on va mal ». En plein dans notre époque.
AM
C'est pas facile d'être heureux quand on va mal
Mardi 18 novembre au Radiant-Bellevue (Caluire-et-Cuire) ; de 21 Ã 42€
Personne n'est ensemble sauf moi
Quelle belle surprise que ce spectacle titré avec une phrase prononcée par un jeune autiste rencontré dans le cadre d'ateliers menés par la compagnie Amonine. L'autrice et metteuse en scène Clea Petrolesi a ainsi conçu un spectacle centré sur de jeunes adultes en situation de handicap peu visible et donc incompris par celles et ceux que la société appelle les valides. Proche du théâtre documentaire, le résultat, qui questionne finement l'idée de normalité, est à la fois bouleversant et très drôle. Énorme coup de cœur, qui repasse à Lyon dans le cadre du festival Fassil de l'Insa.

Personne n'est ensemble sauf moi
Jeudi 20 novembre à l'Insa (Villeurbanne) ; entrée libre
Waly Dia
Dans la catégorie "humour politique de gauche", Waly Dia est dans le haut du panier. Il le prouvera avec une nouvelle date régionale de son spectacle Une heure à tuer. Une heure (plus de nombreuses minutes en rab) au cordeau façon sniper pour dégommer non pas le temps, mais tout ce qui cloche dans notre France déboussolée, avec en guise d'armes une écriture affûtée et un talent d'interprétation évident.
AM
Waly Dia
Jeudi 27 novembre au Toboggan (Décines-Charpieu) ; de 12 à 38€

