Édito du n°966 - mercredi 18 mars - Petit Bulletin Grenoble
Donc Robin Thicke et Pharrell Williams ont été condamnés pour avoir plagié la légende soul Marvin Gaye avec leur tube Blurred Lines, succès de 2013.
Première réaction : plagier c’est mal.
Deuxième réaction : on écoute les deux, et si la ressemblance ne saute pas aux oreilles, il y a bien un petit quelque chose.
Troisième réaction : on trouve ça quand même étrange que ce petit quelque chose subjectif aboutisse à un jugement de la sorte – les deux artistes devront verser quelque 7 millions de dollars aux ayants droit de Marvin Gaye.
Quatrième réaction : on se plonge dans les anciennes histoires de plagiat musical pour se rendre compte que celle-ci semble un peu bancale. Par exemple, pas de mélodie ou de paroles similaires comme avec Michael Jackson (Wanna be startin' somethin') versus Manu Dibango (Soul Makossa), mais la simple évocation d’une ressemblance dans l’esprit.
Cinquième réaction : certes, on n’est pas musiciens (sinon on serait devant 90 000 personnes au Stade de France), mais pas besoin de l’être pour comprendre que l’art s’est toujours nourri des périodes qui l’ont précédé, de façon plus ou moins consciente. Du coup, beaucoup de professionnels s’effraient du précédent que pourrait créer ce jugement.
Sixième (et dernière) réaction : certes, commenter une décision de justice n’est pas de notre ressort, mais tout ceci a un parfum bien étrange assez symptomatique d’une époque – en gros, celui de l’argent. Car si Blurred Lines n’avait pas été un hit, la famille Gaye s’en serait sans doute bien foutu.
D’ailleurs, on nous signale que la fille de Marvin Gaye trouve que le Happy de Phrarell Williams ressemble aussi à un titre de son père – Ain't That Peculiar. Le pire, c’est qu’elle n’a pas tout à fait tort.
