"Salafistes", la « maturité du public » et le cinéma le Club

Édito du n°1003 - mercredi 10 février - Petit Bulletin Grenoble

Merci Fleur Pellerin d’avoir pris soin de nous en ayant interdit Salafistes, le documentaire de François Margolin et Lemine Ould Salem, aux moins de 18 ans. « J’ai choisi de suivre l’avis de la commission avec une interdiction aux mineurs, car le public a besoin d’une certaine maturité pour apprécier ce film qui est d’une grande violence » avait précisé la ministre en rendant sa décision le 27 janvier dernier.

Merci, vraiment, de vous être ainsi souciée des plus jeunes (et, par ricochet, de tous les Français), sans doute trop bêtes pour analyser eux-mêmes des images brutes – les deux réalisateurs sont allés au plus près des salafistes (en Mauritanie, au Mali, en Irak…), leur ont tendu un micro et ont parsemé le tout d’images de propagandes de Daech illustrant leurs propos. Merci mille fois, oui…

Sauf que non en fait. Certes, on peut contester le parti pris des deux cinéastes (cette absence de commentaires, de paroles d’experts démontant celles des interviewés) ; on peut trouver à redire sur le film, le trouver trop court au vu des enjeux soulevés ; on peut même refuser de le voir, refuser de s’infliger ces discours et ces images parfois insoutenables ; mais on ne peut pas ne pas faire confiance à l’intelligence du spectateur.

Le Club à Grenoble est l’un des très rares cinémas en France à l’avoir programmé dès sa sortie (il est d’ailleurs toujours à l’affiche), comme s’en est justifié la semaine dernière son directeur Patrick Ortega dans un long texte. Extrait : « Je me dois de proposer des œuvres qui parfois dérangent mais toujours interrogent, apportant la connaissance de l'autre et donc de soi. » Tout est dit.

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X