Une vérité qui dérange

de Davis Guggenheim (EU, 1h35) avec Al Gore

Cocu après l'élection de Bush en 2000, Al Gore ne s'est pas pour autant tourné les pouces en ruminant sa défaite tel un Giscard américain. Au contraire... Il a sillonné le monde pour donner une conférence sur le réchauffement climatique, son grand combat depuis les années 1970. Probablement fatigué, il s'est dit que coucher l'affaire sur pellicule (numérique) lui éviterait certainement d'aller faire du barouf dans les petits patelins. Oh, puissance du cinéma !

On ironise, mais c'est parce que le critique ne sait trop quoi faire de cette Vérité qui dérange. Brillant orateur, visiblement doué pour la mise en scène (il faut le voir grimper sur une grue pour atteindre le niveau des températures en 2050), Gore convertit sans problème le spectateur à sa cause, apportant preuves accablantes et réfutations magistrales de l'intox menée par les industriels et les media pour noyer le poisson. Le réalisateur, Davis Guggenheim, soigne si bien son affaire (cadres, montage et lumière superbes) qu'on en oublie presque qu'il s'agit avant tout d'un cours filmé, genre inédit et plutôt ingrat sur le papier.

Et c'est plutôt quand il aère la chose avec quelques saynètes hagiographiques bourrées de pathos sur la vie de son héros qu'il frise le ridicule. Guggenheim vient de la télévision (de la série Deadwood !) et Une vérité qui dérange ne doit visiblement sa présence sur les grands écrans qu'à l'importance de son sujet. On dira donc que c'est de la très bonne télé, utile et citoyenne. La preuve : après avoir vu le film, le gouverneur Schwarzenegger a complètement retourné sa veste sur la question, devenant un militant actif pour la ratification du protocole de Kyoto. C'est qu'entre acteurs, on se comprend...

Christophe Chabert

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