Morse

Les atermoiements geignards et pseudo-gothiques de "Twilight" vous ont pesé ? Allez donc vous réconcilier avec vos amis les vampires en découvrant cette petite perle horrifique toute en nuance. François Cau

Bambin blondinet blafard, Oskar est la tête de turc de ses camarades de classe. Un garçon introverti, n’aimant rien tant que se réfugier dans son monde, où il prendrait enfin le dessus sur son morne quotidien. Sa rencontre avec Eli, sa mystérieuse nouvelle voisine noctambule, va précipiter sa catharsis, lui donner de l’assurance et réveiller des sentiments qu’il ne pensait jamais connaître. Seule ombre au tableau, l’arrivée d’Eli coïncide avec une vague de meurtres excessivement violents, où les victimes sont retrouvées vidées de leur sang…

De prime abord, ce qui frappe dans le film de Tomas Alfredson (dont le titre original, Let the right one in, hommage à la chanson de Morrissey et clin d’œil à un aspect de la mythologie vampirique finement décliné dans le film, est tout de même plus marquant), c’est son air glacial. Tant au niveau de la mise en scène, constituée essentiellement de plans fixes assortis de discrets mouvements de caméra, que de la composition des cadres, écrins d’une noirceur abyssale pour les éclats de violence amenés à y exploser.

Aux frontières de l’aube

Mais là où le réalisateur s’éloigne de cette distance caractéristique du nouveau cinéma fantastique scandinave, c’est dans sa description subtile de la relation entre Oskar et Eli, et dans ses prodigieuses réappropriations du folklore vampirique, sources de séquences mémorables pour tout amateur de cinéma fantastique blasé par des dizaines de sous-produits se reposant sur leurs maigres acquis. Une fois le décor planté, Alfredson construit avec élégance un vertigineux puzzle narratif où les pulsions de mort et de vie se complètent de façon souvent dérangeante, où les manifestations d’une horreur crue n’empiètent jamais sur la construction d’un amour guidant le récit envers et contre tout.

La réalisation prend peu à peu une ampleur toujours maîtrisée, bouleverse le point de vue du spectateur pour mieux lui faire ressentir les sentiments équivoques animant les deux protagonistes – tout en mettant habilement en relief leurs chemins de croix respectifs. Une fusion a priori irrationnelle, qui trouvera son apogée dans le saisissant plan-séquence constituant le climax du film comme la meilleure légitimation de la somme de ses partis pris : une poésie unique, d’une beauté trouble, sur fond de violence aveugle. Tomas Alfredson nous confirme dès lors la réussite de son audacieux pari – rarement carnage n’aura été aussi émouvant…

Morse
De Tomas Alfredson (Suède, 1h54) avec Kare Hedebrant, Lina Leandersson…

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