So British

Pour sa nouvelle exposition, le musée Géo-Charles prend le parti de lier ses choix artistiques à un évènement d’actualité : les Jeux Olympiques de Londres. L’occasion de réaffirmer sa vocation de musée sport et culture sans qu’il soit pour autant question de sport à proprement parler chez les artistes présentés. Le regard acide de Martin Parr est ainsi mis en dialogue avec celui d’un autre photographe d’origine anglaise : Rip Hopkins. Ancien reporter de guerre, il réalise depuis 1996 des projets de longue haleine, hors des feux de l'actualité, dans des contrées méconnues. Ses images sont les fruits patiemment mûris de rencontres, de longues périodes vécues sur place, et d'errances aléatoires propices à la réceptivité de "l'autre". Ainsi de la série montrée en partie ici, déployée en petits et grands formats et intitulée Another country. Résultat d’une résidence en Dordogne, d’une immersion dans la vie de ces Anglais qui choisissent de se réinventer une vie loin de leur pays, que Rip Hopkins décrit lui-même comme « l’exploration de [ses] propres motivations ». Ecoute et projection donnent lieu à des images drôles et épiques, mises en scène à l’extrême, avec un soin du détail qui n’est pas sans rappeler la maniaquerie obsessionnelle d’un Wes Anderson, et qui sert ici de vecteur narratif. Chaque élément intervient comme révélateur, participant au jeu de découverte de l’identité des sujets. Fourrures, animaux de compagnie, déguisement de troll, vieilles voitures… Un apanage des plus folkloriques, accompagné de titres en forme de sentences entre tragique et autodérision : « Voyager élargit l’horizon », « Je déteste l’Angleterre pour de bon ». Et ce sont eux qui le disent…

LG (avec Jean-Emmanuel Denave)

Another country – les Britanniques en France (Rip Hopkins) Think of England (Martin Parr, du 13 juin au 4 novembre au musée Géo-Charles