Jessica Calvo : objectif rock

Azul

Café Zimmerman

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Interview / portrait / Aucun groupe de rock grenoblois n’échappe à son flash. C’est pourtant à travers un panorama authentique de son Espagne natale qu’elle se dévoile actuellement au Café Zimmerman. À l’occasion de son exposition "Azul", nous avons rencontré Jessica Calvo pour en savoir plus sur sa photographie et les coulisses du milieu culturel grenoblois.

« Ça va faire 10 ans que je fais de la photo » nous confie Jessica Calvo juste avant de rejoindre la scène pour le concert de Frànçois & the Atlas Mountains à la Belle électrique. Une décennie au cours de laquelle son nom est devenu une référence grenobloise pour la photographie de concert.

Pourtant, ses premiers pas, elle ne les a pas faits en image mais en chiffre. « J’ai commencé par des études de comptabilité. J’étais gamine, j’avais 15 ans. C’est un âge où tu ne peux pas forcément faire ce que tu veux. Et à l’époque, pour moi, la photo, c’était surtout un rêve. Mais la dernière année, je me suis rendu compte que ce n’était pas ce que je voulais faire. Du coup j’ai arrêté les études, je me suis mise à travailler. Quelques années plus tard, j’ai eu un arrêt maladie et c’est à ce moment-là que je me suis dit : écoute, arrête tout et fais ce que tu veux ! »

Passionnée de photographie depuis toute petite, Jessica Calvo se lance finalement dans l’aventure à 24 ans et entame une formation à l’Académie Spectrum de Saragosse, en Espagne. L’objectif en poche, elle commence à sillonner les concerts en Espagne, mais obtient surtout des contrats de mode. Peu attirée par cet univers et assoiffée de rock, elle envisage de déménager à Madrid ou Barcelone. Mais c’est sans compter sur sa rencontre avec le musicien Grenoblois Piero Quintana qui va changer la donne. « Je ne parlais pas français, mais je me suis dit que j’allais essayer. Du coup je l'ai suivi à Grenoble. »

« J’ai commencé à faire de la photo parce que j’aime la musique »

« Quand je suis arrivée à Grenoble en 2010, ce qui m’a beaucoup attirée c’est tous les groupes musicaux, la scène grenobloise. J’ai commencé à faire de la photo parce que j’aime la musique. Je voulais surtout faire des concerts car c’est vivant. C’est pour ça que quand je suis arrivée ici, j’ai travaillé sur un projet pour la scène locale. À Grenoble, il y a un côté musicos que j’adore. »

En véritable fan de rock français et belge, Jessica Calvo balade alors son œil sur toutes les scènes iséroises pour se faire connaître et aller à la rencontre « de ces groupes qui méritent d’être connus ». Très vite, elle se fait un nom grâce à des photographies léchées avec un noir et blanc qui devient sa marque de fabrique. « Quand tu fais des photos de concert, tu fais comme tu veux, il n’y a personne derrière qui te dit ce que tu dois faire. Par contre, c’est difficile parce que tu ne peux pas régler la lumière, mais le compliqué m’attire. »

Un univers en noir et blanc qui colle au rock, mais également au burlesque. « J’ai découvert le burlesque à Grenoble. Je suis amoureuse de l’atmosphère des années 1970 et quand je suis arrivée ici et que j’ai rencontré cet univers, comment les filles étaient habillées, j’ai voulu les suivre. Du coup j’ai beaucoup traîné à l’Ampérage, mais surtout du côté des loges. Il y a ce côté un peu crade que j’adore. Pour travailler la photo, le décor est sympa. Je trouve ça magnifique. » Une vision authentique, à la manière des photographes Diane Arbus et Alberto García-Alix dont elle s’inspire.

« C’est une chance d’être avec la Belle »

De scène en scène, elle finit par travailler avec l’association MixLab, qui gèrera la Belle électrique, pour couvrir le festival Jour & Nuit puis les concerts de la salle ouverte en 2015. « Je suis avec eux depuis le début, c’est génial, c’est une belle salle. C’est un peu une chance d’être avec la Belle parce que ça me permet de rencontrer des artistes. »

Des rencontres, Jessica Calvo en a fait de toutes sortes. « Il m’est arrivée un truc assez marrant avec les Wampas. Avant de monter sur scène, je fais toujours un portrait du groupe. J’étais avec eux, il y avait aussi le programmateur, et un des membres du groupe m’a demandée si j’étais italienne. Je lui ai dit que j’étais espagnole et là il m’a dit : ʺla femme d’un ami est espagnole aussi et il y a un mot qu’elle dit avec son accent que j’adore, c’est enculéʺ. Il m’a demandé de le dire 4 ou 5 fois. »

Mais c’est sa rencontre avec le chanteur Christophe qui semble l’avoir le plus émue. « Avant le concert, on a beaucoup parlé. Puis il est monté sur scène et dans son répertoire il y avait une chanson avec des mots en espagnol. Il me l’a dédicacée, ça m’a touchée. »

« Montrer autre chose que des photos de concert »

Si les notes guident souvent le travail de Jessica Calvo, c’est surtout la dimension humaine qui motive ses images. Une curiosité de l’autre, dans son intimité quotidienne, qu’elle dévoile actuellement au Café Zimmerman avec l’exposition Azul. « Cette expo, c’était surtout pour montrer autre chose que des photos de concert parce que les gens pensent que je ne fais que ça. J’avais envie de faire une expo différente, qui n’avait rien à voir avec la musique, quelque chose de plus personnel. En fait c’est sorti comme ça, quand j’étais avec ma famille. Je vais trois fois par an en Andalousie. Tous les matins je vais voir les pêcheurs, et un jour je me suis dit : ces gens-là, il n’y a personne qui les voit, qui les met en valeur. On achète le poisson et on regarde pas ce qu’il y a derrière. Tous ces visages, marqués... C’est le côté humain qui m’anime ».

En couleur cette fois-ci, la photographe a capté la beauté de ces personnes, sans qu’elles ne posent, avec cette volonté de proposer autre chose et de s’évader elle-même dans sa photographie. D’évasion, elle continue d'ailleurs d’en rêver. « Aujourd’hui, je trouve que Grenoble c’est un peu petit. J’aimerais bien aller ailleurs, je suis en train d’y réfléchir. Parce que la photographie c’est un peu compliqué ici, t’as vite fait le tour et c’est pas une ville qui a beaucoup d’argent, comparée à Bordeaux par exemple. Bordeaux, c’est une ville où je rêve de travailler un peu. » Et pourquoi pas y exposer.

Azul
Au Café Zimmerman jusqu’au samedi 1 juillet


Repères

1982 : naissance en Espagne

2007 : études de photographie à Saragosse

2010 : arrivée à Grenoble

2013 : début de la collaboration avec MixLab

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