• Choisissez votre ville
    • Lyon
    • Grenoble
    • Saint-Étienne
  • Actu
  • Ecrans
  • Arts
  • Scènes
  • Musiques
  • Connaître
  • Guide Urbain
Skip to content
  • Actus
    Mercato

    Thierry Pilat, nouveau directeur de la Halle Tony Garnier

    Jeudi 21 janvier 2021 par Sébastien Broquet
    Lyon

    Le pôle Arts vivants de la BM de Vaise ne sera pas démantelé

    Lundi 18 janvier 2021 par Nadja Pobel
    ACTUS

    Disparition de l'ancienne rédactrice en chef du Petit Bulletin Lyon, Dorotée Aznar

    Mercredi 13 janvier 2021 par Stéphane Duchêne
    Médias

    Le directeur de Nova Lyon, Alfredo Da Silva, licencié

    Jeudi 14 janvier 2021 par Sébastien Broquet
  • Ecrans
    • Trouvez une séance à LYON
    • Films à l'affiche
    • Salles de cinéma
    • Critiques cinéma
    Soul sur Disney+

    Pete Docter : « depuis que le son existe dans un film d’animation, le jazz en a fait partie »

    Lundi 28 décembre 2020 par Vincent Raymond
    Sur Disney+

    Le vagabond des limbes : "Soul", un Pixar privé de salles

    Mardi 22 décembre 2020 par Vincent Raymond
    Arte

    De Gaulle à la p(l)age

    Mardi 10 novembre 2020 par Vincent Raymond
  • Arts
    • Trouvez une expo à LYON
    • Expositions à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains expositions
    • Votre Week-End
    Galerie d'Art

    La Taille de mon Âme : la forme et le fonds, à la bonne place

    Jeudi 14 janvier 2021 par Vincent Raymond
    Street Art

    De Lascaux à Lasco

    Mardi 10 novembre 2020 par Manon Ruffel
    Graphisme

    Vinyle, Vidi, Vici

    Mercredi 21 octobre 2020 par Stéphane Duchêne
  • Scènes
    • Trouvez un spectacle à LYON
    • Spectacles à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains spectacles
    • Votre Week-End
    Théâtre

    Le désarroi des artistes dans des théâtres fermés

    Mercredi 27 janvier 2021 par Nadja Pobel
    TNP Villeurbanne

    Jean Bellorini : « nous ne disons pas assez Égalité »

    Vendredi 30 octobre 2020 par Nadja Pobel
    Théâtre

    « Virus, désormais, c’est la réalité »

    Jeudi 22 octobre 2020 par Nadja Pobel
  • Musiques
    • Trouvez un concert à LYON
    • Concerts à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains concerts
    • Votre Week-End
    MUSIQUES

    Théo Charaf : zone d'inconfort

    Mercredi 20 janvier 2021 par Stéphane Duchêne
    Clubbing

    Laurent Garnier sera le premier DJ à faire re-danser Le Sucre

    Vendredi 15 janvier 2021 par Sébastien Broquet
    Jazz

    Lionel Martin : rhino féroce

    Mercredi 9 décembre 2020 par Stéphane Duchêne
  • Connaître
    • Animations à l'affiche aujourd'hui
    • Prochaines animations
    • Votre Week-End
    Bande Dessinée

    Nuits de la Lecture : une battle BD, en ligne et en live

    Vendredi 22 janvier 2021 par Vincent Raymond
    Littérature

    Ananda Devi : « pour certaines personnes, il n'y a pas de mémoire »

    Jeudi 21 janvier 2021 par Stéphane Duchêne
    Architecture

    Jacques Perrin-Fayolle, le constructeur

    Mercredi 20 janvier 2021 par Nadja Pobel
  • Guide Urbain
    Chocolatiers

    Y aura-t-il du bon chocolat à Noël ? (spoiler : oui)

    Vendredi 4 décembre 2020 par Vincent Raymond
    Photographie

    FeelPic ouvre sa première boutique éphémère à Lyon

    Mercredi 25 novembre 2020 par Vincent Raymond
    Restaurant

    Arvine : vins d’Est

    Jeudi 22 octobre 2020 par Adrien Simon
    Restaurant

    Les makis locaux de Lipopette

    Jeudi 22 octobre 2020 par Adrien Simon
  • Escapades
  • PLUS +
    • Kids
    • Restaurants
    • Guide Urbain
    • Dossiers
    • PB Festival
    • Brigade du Ballet
    • Patrimoine
    • Articles partenaires
    • Vidéos
    • Concours
  • RECHERCHE AGENDA
NEWSLETTER

Newsletter Lyon
Chaque semaine, en un coup d'oeil, tous les programmes. un outil pratique et complet pour constituer sa semaine de sorties à Lyon

PUBLICITÉ
LYON WHISKY FESTIVAL
FESTIVAL PEINTURE FRAÎCHE
LYON BIERE FESTIVAL
LE WEB DES SORTIES
  • Édition de LYON
  • RECHERCHE AGENDA

  • Actus
    Mercato

    Thierry Pilat, nouveau directeur de la Halle Tony Garnier

    Jeudi 21 janvier 2021 par Sébastien Broquet
    Lyon

    Le pôle Arts vivants de la BM de Vaise ne sera pas démantelé

    Lundi 18 janvier 2021 par Nadja Pobel
    ACTUS

    Disparition de l'ancienne rédactrice en chef du Petit Bulletin Lyon, Dorotée Aznar

    Mercredi 13 janvier 2021 par Stéphane Duchêne
    Médias

    Le directeur de Nova Lyon, Alfredo Da Silva, licencié

    Jeudi 14 janvier 2021 par Sébastien Broquet
  • Ecrans
    • Trouvez une séance à LYON
    • Films à l'affiche
    • Salles de cinéma
    • Critiques cinéma
    Soul sur Disney+

    Pete Docter : « depuis que le son existe dans un film d’animation, le jazz en a fait partie »

    Lundi 28 décembre 2020 par Vincent Raymond
    Sur Disney+

    Le vagabond des limbes : "Soul", un Pixar privé de salles

    Mardi 22 décembre 2020 par Vincent Raymond
    Arte

    De Gaulle à la p(l)age

    Mardi 10 novembre 2020 par Vincent Raymond
  • Arts
    • Trouvez une expo à LYON
    • Expositions à l'affiche aujourd'hui
    • Prochaines expositions
    • Votre Week-End
    Galerie d'Art

    La Taille de mon Âme : la forme et le fonds, à la bonne place

    Jeudi 14 janvier 2021 par Vincent Raymond
    Street Art

    De Lascaux à Lasco

    Mardi 10 novembre 2020 par Manon Ruffel
    Graphisme

    Vinyle, Vidi, Vici

    Mercredi 21 octobre 2020 par Stéphane Duchêne
  • Scènes
    • Trouvez un spectacle à LYON
    • Spectacles à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains spectacles
    • Votre Week-End
    Théâtre

    Le désarroi des artistes dans des théâtres fermés

    Mercredi 27 janvier 2021 par Nadja Pobel
    TNP Villeurbanne

    Jean Bellorini : « nous ne disons pas assez Égalité »

    Vendredi 30 octobre 2020 par Nadja Pobel
    Théâtre

    « Virus, désormais, c’est la réalité »

    Jeudi 22 octobre 2020 par Nadja Pobel
  • Musiques
    • Trouvez un concert à LYON
    • Concerts à l'affiche aujourd'hui
    • Prochains concerts
    • Votre Week-End
    MUSIQUES

    Théo Charaf : zone d'inconfort

    Mercredi 20 janvier 2021 par Stéphane Duchêne
    Clubbing

    Laurent Garnier sera le premier DJ à faire re-danser Le Sucre

    Vendredi 15 janvier 2021 par Sébastien Broquet
    Jazz

    Lionel Martin : rhino féroce

    Mercredi 9 décembre 2020 par Stéphane Duchêne
  • Connaître
    • Animations à l'affiche aujourd'hui
    • Prochaines animations
    • Votre Week-End
    Bande Dessinée

    Nuits de la Lecture : une battle BD, en ligne et en live

    Vendredi 22 janvier 2021 par Vincent Raymond
    Littérature

    Ananda Devi : « pour certaines personnes, il n'y a pas de mémoire »

    Jeudi 21 janvier 2021 par Stéphane Duchêne
    Architecture

    Jacques Perrin-Fayolle, le constructeur

    Mercredi 20 janvier 2021 par Nadja Pobel
  • Guide Urbain
    Chocolatiers

    Y aura-t-il du bon chocolat à Noël ? (spoiler : oui)

    Vendredi 4 décembre 2020 par Vincent Raymond
    Photographie

    FeelPic ouvre sa première boutique éphémère à Lyon

    Mercredi 25 novembre 2020 par Vincent Raymond
    Restaurant

    Arvine : vins d’Est

    Jeudi 22 octobre 2020 par Adrien Simon
    Restaurant

    Les makis locaux de Lipopette

    Jeudi 22 octobre 2020 par Adrien Simon
  • Escapades
  • PLUS +
    • Kids
    • Guide Urbain
    • Dossiers
    • PB Festival
    • Brigade du Ballet
    • Patrimoine
    • Articles partenaires
    • Vidéos
    • Concours
ECRANS

Love

Le souvenir d’une histoire d’amour racontée par ses étapes sexuelles : Gaspar Noé se met autant à nu que ses comédiens dans ce film unique, fulgurant et bouleversant. Christophe Chabert

ECRANS

Love

Le souvenir d’une histoire d’amour racontée par ses étapes sexuelles : Gaspar Noé se met autant à nu que ses comédiens dans ce film unique, fulgurant et bouleversant. Christophe Chabert

Love

par Christophe Chabert

Mercredi 15 juillet 2015
8961
LECTURES

par Christophe Chabert

Mercredi 15 juillet 2015
8961
LECTURES

Un 1er janvier, Murphy reçoit un message sur son répondeur : la mère d’Electra s’inquiète car elle est sans nouvelle d’elle depuis plusieurs semaines. Qui est Electra ? La femme que Murphy a aimée, avec qui il a vécu une passion ardente puis qu’il a laissée partir. Aujourd’hui, Murphy vit avec une jeune fille dont il a un enfant, mais ce n’est pas la vie qu’il a désirée — elle n’aurait dû être qu’une passade et ce foutu préservatif n’aurait pas dû craquer… Alors, dans un mélange de regrets et d’inquiétude, Murphy va se souvenir de son histoire avec Electra.

Love s’inscrit immédiatement sous le signe de cette nostalgie des amours gâchés, et ce saut dans le temps est pour Gaspar Noé l’occasion de construire un puzzle mental dont toutes les pièces seraient des images renvoyant au sexe – avant, pendant et après. D’où le paradoxe sublime sur lequel s’érige le film : à mesure qu’il s’enfonce dans le cerveau de Murphy, il en ramène des corps, de la chair, du plaisir, de la jouissance. Et tandis que son héros se heurte aux quatre murs de son appartement, couverts de traces d’un passé qui est autant celui du personnage que de l’auteur lui-même (un poster de Salo, la maquette du love hotel d’Enter the void), la plongée dans sa mémoire ouvre toujours plus l’espace, jusqu’à cette rencontre magnifique où les deux futurs amants se séduisent en quittant leur groupe sur les hauteurs d’un parc pour marcher seuls dans des allées verdoyantes.

à lire aussi
Enter the void

Enter the void

ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert


Noé, seul tout contre tous

«Le temps détruit tout» ; on se souvient de cet aphorisme inscrit en lettres capitales à la fin d’Irréversible, film raconté à l’envers, de l’enfer du présent au paradis perdu du passé. Pour Gaspar Noé, le cinéma est la meilleure arme pour conjurer cette fatalité. Si on avait pu trouver naïve cette déclaration philosophique à l’époque, Love vient en expliquer les soubassements les plus personnels ; car Murphy est de toute évidence l’alter ego du cinéaste, qui ne cesse de se mettre en jeu, quand il ne se met pas en scène, dans son film. Murphy est étudiant en cinéma, son enfant s’appelle Gaspar, son ex s’appelle Lucille (comme Lucille Hadzihalilovic, cinéaste et un temps compagne de Noé) et il joue lui-même le rôle d’un galeriste goujat, ancien amant d’Electra pour qui Murphy éprouve une jalousie féroce.

Ça ne pourrait être qu’un petit jeu de clins d’œil complices — comme la prestation du producteur Vincent Maraval en flic adepte des soirées échangistes — c’est en fait bien plus que cela : une façon de se mettre à nu, d’attester que tout ce qui se passe sur l’écran n’est pas seulement vrai — du sexe non simulé, des notations autobiographiques — mais surtout qu’il constitue l’essence du projet mené par Gaspar Noé depuis ses débuts, à savoir filmer des histoires d’amour endeuillé par le passage du temps que la puissance du cinéma va parvenir à ressusciter. Le boucher incestueux de Seul contre tous, le fêtard d’Irréversible vengeant sa femme violée ou le junkie d’Enter the Void essayant de recréer par-delà la mort le lien fusionnel qui l’unissait à sa sœur, tous étaient déjà des Murphy, mais plus encore, tous reflétaient la personnalité de Noé : un grand romantique caché derrière une surface de noirceur et de provocation.

à lire aussi
«Un trip chamanique»

«Un trip chamanique»

ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert


Mélo porno contemplatif

Or, Love n’a rien de provocateur. Pourtant, jamais Noé n’a flirté à ce point avec les interdits : la première scène donne le ton, puisqu’on y voit Murphy et Electra se masturber dans un plan fixe en plongée qui dure le temps du coït — ou du moins, de l’orgasme du garçon. Ce qui frappe, ce n’est pas la représentation sexuelle frontale, mais la douceur du regard que Noé porte dessus : c’est une image sereine, apaisée, où l’on prend le temps de contempler les corps et les gestes, et qu’aucun insert de mauvais goût ne fait basculer dans la pornographie.

Il en sera ainsi pour chaque rapport sexuel du film, même lorsqu’ils iront explorer des réalités plus dérangeantes — échangisme, triolisme, baise rapide dans une salle de bains lors d’une fête alcoolisée. Chacun raconte l’état d’une relation par la manière dont les corps s’imbriquent ou se repoussent ; pour Noé, faire l’amour, c’est montrer où l’on en est de son amour pour l’autre. Et s’il fallait coller une étiquette à Love, ce serait celle de mélodrame porno contemplatif — des catégories pas si opposées que ça, mais dont la réunion dit à quel point le film est unique en son genre.

Noé pourrait presque se passer des mots — les dialogues ne sont que du small talk quotidien, plus encore que dans ses films précédents, ce qui n’est pas une facilité mais bel et bien un style — tant ses choix visuels disent tout sur le lien qui unit Murphy et Electra. Même la 3D finit par créer du sens : quand Murphy la filme avec sa petite caméra vidéo, la stéréoscopie se fait plus réaliste, moins stylisée. C’est que le regard du personnage n’est pas le même ; l’enthousiasme du jeune homme face à sa muse a laissé la place au spleen de l’adulte qui idéalise et lisse un passé qui ne veut pas passer.

Dans un ultime mouvement particulièrement déchirant, tout va finir par se mêler, et ce spleen-là va envahir l’écran. Quelque chose est brisé dans la vie de Murphy, irrévocablement, et après avoir ruminé ses erreurs, il n’a plus qu’à pleurer des larmes amères. C’est aussi une ultime mise au point de Noé par rapport à lui-même : c’est parce qu’il s’est complu dans le double égoïsme de satisfaire son propre plaisir en niant le désir de l’autre que Murphy a perdu Electra. Courageux aveu de la part d’un cinéaste qu’on a longtemps taxé de misogyne : ici, ce sont les hommes qui se comportent comme des salauds et les femmes qui en souffrent. Et seul le cinéma peut recoller — un temps — les morceaux.

Love
De Gaspar Noé (Fr, 2h14) avec Karl Glusman, Aomi Muyock, Klara Kristin…
Sortie le 15 juillet

Un 1er janvier, Murphy reçoit un message sur son répondeur : la mère d’Electra s’inquiète car elle est sans nouvelle d’elle depuis plusieurs semaines. Qui est Electra ? La femme que Murphy a aimée, avec qui il a vécu une passion ardente puis qu’il a laissée partir. Aujourd’hui, Murphy vit avec une jeune fille dont il a un enfant, mais ce n’est pas la vie qu’il a désirée — elle n’aurait dû être qu’une passade et ce foutu préservatif n’aurait pas dû craquer… Alors, dans un mélange de regrets et d’inquiétude, Murphy va se souvenir de son histoire avec Electra.

Love s’inscrit immédiatement sous le signe de cette nostalgie des amours gâchés, et ce saut dans le temps est pour Gaspar Noé l’occasion de construire un puzzle mental dont toutes les pièces seraient des images renvoyant au sexe – avant, pendant et après. D’où le paradoxe sublime sur lequel s’érige le film : à mesure qu’il s’enfonce dans le cerveau de Murphy, il en ramène des corps, de la chair, du plaisir, de la jouissance. Et tandis que son héros se heurte aux quatre murs de son appartement, couverts de traces d’un passé qui est autant celui du personnage que de l’auteur lui-même (un poster de Salo, la maquette du love hotel d’Enter the void), la plongée dans sa mémoire ouvre toujours plus l’espace, jusqu’à cette rencontre magnifique où les deux futurs amants se séduisent en quittant leur groupe sur les hauteurs d’un parc pour marcher seuls dans des allées verdoyantes.

à lire aussi

Enter the void

ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert


Noé, seul tout contre tous

«Le temps détruit tout» ; on se souvient de cet aphorisme inscrit en lettres capitales à la fin d’Irréversible, film raconté à l’envers, de l’enfer du présent au paradis perdu du passé. Pour Gaspar Noé, le cinéma est la meilleure arme pour conjurer cette fatalité. Si on avait pu trouver naïve cette déclaration philosophique à l’époque, Love vient en expliquer les soubassements les plus personnels ; car Murphy est de toute évidence l’alter ego du cinéaste, qui ne cesse de se mettre en jeu, quand il ne se met pas en scène, dans son film. Murphy est étudiant en cinéma, son enfant s’appelle Gaspar, son ex s’appelle Lucille (comme Lucille Hadzihalilovic, cinéaste et un temps compagne de Noé) et il joue lui-même le rôle d’un galeriste goujat, ancien amant d’Electra pour qui Murphy éprouve une jalousie féroce.

Ça ne pourrait être qu’un petit jeu de clins d’œil complices — comme la prestation du producteur Vincent Maraval en flic adepte des soirées échangistes — c’est en fait bien plus que cela : une façon de se mettre à nu, d’attester que tout ce qui se passe sur l’écran n’est pas seulement vrai — du sexe non simulé, des notations autobiographiques — mais surtout qu’il constitue l’essence du projet mené par Gaspar Noé depuis ses débuts, à savoir filmer des histoires d’amour endeuillé par le passage du temps que la puissance du cinéma va parvenir à ressusciter. Le boucher incestueux de Seul contre tous, le fêtard d’Irréversible vengeant sa femme violée ou le junkie d’Enter the Void essayant de recréer par-delà la mort le lien fusionnel qui l’unissait à sa sœur, tous étaient déjà des Murphy, mais plus encore, tous reflétaient la personnalité de Noé : un grand romantique caché derrière une surface de noirceur et de provocation.

à lire aussi

«Un trip chamanique»

ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert


Mélo porno contemplatif

Or, Love n’a rien de provocateur. Pourtant, jamais Noé n’a flirté à ce point avec les interdits : la première scène donne le ton, puisqu’on y voit Murphy et Electra se masturber dans un plan fixe en plongée qui dure le temps du coït — ou du moins, de l’orgasme du garçon. Ce qui frappe, ce n’est pas la représentation sexuelle frontale, mais la douceur du regard que Noé porte dessus : c’est une image sereine, apaisée, où l’on prend le temps de contempler les corps et les gestes, et qu’aucun insert de mauvais goût ne fait basculer dans la pornographie.

Il en sera ainsi pour chaque rapport sexuel du film, même lorsqu’ils iront explorer des réalités plus dérangeantes — échangisme, triolisme, baise rapide dans une salle de bains lors d’une fête alcoolisée. Chacun raconte l’état d’une relation par la manière dont les corps s’imbriquent ou se repoussent ; pour Noé, faire l’amour, c’est montrer où l’on en est de son amour pour l’autre. Et s’il fallait coller une étiquette à Love, ce serait celle de mélodrame porno contemplatif — des catégories pas si opposées que ça, mais dont la réunion dit à quel point le film est unique en son genre.

Noé pourrait presque se passer des mots — les dialogues ne sont que du small talk quotidien, plus encore que dans ses films précédents, ce qui n’est pas une facilité mais bel et bien un style — tant ses choix visuels disent tout sur le lien qui unit Murphy et Electra. Même la 3D finit par créer du sens : quand Murphy la filme avec sa petite caméra vidéo, la stéréoscopie se fait plus réaliste, moins stylisée. C’est que le regard du personnage n’est pas le même ; l’enthousiasme du jeune homme face à sa muse a laissé la place au spleen de l’adulte qui idéalise et lisse un passé qui ne veut pas passer.

Dans un ultime mouvement particulièrement déchirant, tout va finir par se mêler, et ce spleen-là va envahir l’écran. Quelque chose est brisé dans la vie de Murphy, irrévocablement, et après avoir ruminé ses erreurs, il n’a plus qu’à pleurer des larmes amères. C’est aussi une ultime mise au point de Noé par rapport à lui-même : c’est parce qu’il s’est complu dans le double égoïsme de satisfaire son propre plaisir en niant le désir de l’autre que Murphy a perdu Electra. Courageux aveu de la part d’un cinéaste qu’on a longtemps taxé de misogyne : ici, ce sont les hommes qui se comportent comme des salauds et les femmes qui en souffrent. Et seul le cinéma peut recoller — un temps — les morceaux.

Love
De Gaspar Noé (Fr, 2h14) avec Karl Glusman, Aomi Muyock, Klara Kristin…
Sortie le 15 juillet


Love Love

Love

De Gaspar Noé (Fr, 2h14) avec Karl Glusman, Aomi Muyock...

De Gaspar Noé (Fr, 2h14) avec Karl Glusman, Aomi Muyock...

voir la fiche du film

Un 1er janvier au matin, le téléphone sonne. Murphy, 25 ans, se réveille entouré de sa jeune femme et de son enfant de deux ans. Il écoute son répondeur. Sur le message, la mère d'Electra lui demande, très inquiète, s'il n'a pas eu de nouvelle de sa fille disparue depuis longtemps. Elle craint qu'il lui soit arrivé un accident grave.

voir la fiche du film

Partager Twitter

pour aller plus loin

Enter the void

Enter the void

Mardi 30 novembre 1999 par Christophe Chabert

ECRANS | Sept ans après "Irréversible", Gaspar Noé revient avec un film trip, une expérience sensorielle mais aussi un geste de cinéma fort qui révèle le visage le plus (...)

«Un trip chamanique»

«Un trip chamanique»

Mardi 30 novembre 1999 par Christophe Chabert

ECRANS | Entretien avec Gaspar Noé, réalisateur de "Enter the void" Propos recueillis par Christophe Chabert (...)

Cannes 2015, jours 8 et 9. Love, love, love

Cannes 2015, jours 8 et 9. Love, love, love

Dimanche 24 mai 2015 par Christophe Chabert

ECRANS | "Youth" de Paolo Sorrentino. "The Assassin" de Hou Hsiao-Hsien. "Mountains May Depart" de Jia Zhang-ke. "Dheepan" de Jacques Audiard. "Love" de Gaspar (...)

Lux Æterna : Gaspar Noé repousse les limites du cinéma

Le Film de la Quinzaine par Vincent Raymond le Vendredi 25 septembre 2020 | À la fois “moking of” d’un film qui n’existe pas, reportage sur une mutinerie, bacchanale diabolique au sein du plus déviant des arts, vivisection (...)

Le Cas Noé : La boucle est bouclée

Festival Lumière par Vincent Raymond le Mardi 15 octobre 2019 | En guise d’amuse-rétines nocturne, Gaspar Noé a composé un appétissant sandwich cinématographique qui devrait teinter d’une belle couleur rubis les rêves de ses (...)

Hélène Cattet & Bruno Forzani : « on fait ce qu'on aime, ça n'a pas de prix »

Hallucinations Collectives par Vincent Raymond le Mardi 9 avril 2019 | Invités d’honneur d’un festival qui ne leur a jamais fait défaut — à raison : ils sont sans doute avec Mandico les plus fervents pratiquants d’un “autre“ (...)

Séances pour amoureux

Saint-Valentin par Vincent Raymond le Mardi 5 février 2019 | L’approche de la Saint-Valentin donne des idées tendres de programmation aux grands circuits cinématographiques, qui vont piocher dans le (récent) (...)

Des chants au grand jour avec Hymn to Love

Théâtre par Nadja Pobel le Mardi 6 novembre 2018 | Au cri dans la nuit, Marta Gornicka préfère la chorale de ces hommes et femmes debouts, dressés face au monde. Le festival Sens interdits offre en (...)

Redrum on the dance floor : "Climax"

Le Film de la Semaine par Vincent Raymond le Mercredi 19 septembre 2018 | Le réveillon d’un corps de ballet vire inexplicablement en orgie hallucinatoire et sanglante, rythmée par le tempo du DJ. Après Love, Gaspar Noé signe un (...)

Sur le divan : "Love addict"

Flirt par Vincent Raymond le Mardi 17 avril 2018 | de Frank Bellocq (Fr, 1h33) avec Kev Adams, Mélanie Bernier, Marc Lavoine... (...)

Deux visions de l'amour

ECRANS par Vincent Raymond le Mardi 31 janvier 2017 | On a récemment parlé du vétéran Kirk Douglas comme de l’un des derniers représentants de l’Âge d’or des studios. Mais le vénérable centenaire n’est pas l’ultime (...)

The Younger Lovers, missionnaires en lo-fi

Queer Punk par Gabriel Cnudde le Mardi 13 septembre 2016 | Sans retouches et sans barrières, Brontez Purnell et ses Younger Lovers font partie des derniers représentants du lo-fi et du queer-punk californien. Avec (...)

Les 10 concerts à voir en septembre

Musique par La rédaction le Jeudi 1 septembre 2016 | La concurrence (ou les confrères) prenant leur temps pour redémarrer la saison en mode diesel, c'est une certaine péniche du quai des Étroits, qui ce mois-ci (...)

  • Tags
  •   Love
  •   Gaspar+Noe
  •   Karl+Glusman
  •   Aomi+Muyock
  •   Klara+Kristin
Article précédent

Le Petit Prince

Article précédent

Le Petit Prince

Article suivant

Croix-Rousse-les-Bains, le summer camp du Lavoir

Article suivant

Croix-Rousse-les-Bains, le summer camp du Lavoir

 

Cinéma

trouvez une séance près de chez vous

je lance ma recherche !

BONS PLANS & CONCOURS

Gagnez des places de cinéma, de concerts, et des invitations aux spectacles

Tentez votre chance

Recherchez un article

Search for:

LE FILM DE LA SEMAINE

Sous les étoiles de Paris

De Claus Drexel (Fr, 1h30) avec Catherine Frot, Mahamadou Yaffa, Jean-Henri Compère

Depuis de nombreuses années, Christine vit sous un pont, isolée de toute famille et amis. Par une nuit comme il n’en existe que dans les contes, un jeune garçon de 8 ans fait irruption devant son abri. Suli ne parle pas français, il est perdu, séparé de sa mère… Ensemble, ils partent à sa recherche. A travers les rues de Paris, Christine et Suli vont apprendre à se connaître et à s’apprivoiser. Et Christine à retrouver une humanité qu’elle croyait disparue.

Voir les salles et horaires du film

Petit Bulletin


Edité à 45 000 exemplaires à Lyon le Petit Bulletin est distribué gratuitement et en libre service tous les mercredis dans plus de 1 000 points.
Le Petit Bulletin est édité par le Groupe Unagi.



Lisez le n°994 en PDF
VOIR NOS ARCHIVES

Liens Utiles

  • Qui sommes nous ?
    Envoyez un programme
    Archives du journal
    Diffusion
    Recrutement
    Coordonnées
    Publicité
    Articles partenaires

Partenaires

  • Groupe Unagi
    Spot
    Hétéroclite
    Cours et Stages à lyon
    Diffusion Active
    Agence Tintamarre
    IF
    Rue89Lyon
    Lyon City Crunch
    PB LIVE
    PB FESTIVAL

Contact

  • Le Petit Bulletin 16 , rue du Garet
    BP1130 - 69203 Lyon cedex 01
    Tel : 04 72 00 10 20
    Fax : 04 72 00 08 60
    Tous les contacts sur cette page
Copyright Le Petit Bulletin 2021 | Tous droits réservés.

Articles : Dossiers | Concours | Entretiens et portraits | News | Critiques cinéma | Vidéos

Archives : Clipothèque | DVD Cinéma | CD Musique | Livres | Bande Dessinée | Jeux Vidéo | Archives Blogs | Archives Agenda | Sorties de la semaine |

Agenda films : à l'affiche aujourd'hui | Sorties de la semaine | Sorties de la semaine prochaine | Tous les films | Festivals | Salles de cinéma