La mutation comme manifeste : Psykup au Marché gare
Metal / Psykup, l'étrange organisme polymorphe, est attendu à Lyon pour une soirée de rare férocité sonore.
Photo : Psykup ©Cédric Gleyal / Uriprod
Les Toulousains n'ont jamais été un groupe évoluant au sens linéaire du terme : leur identité s'apparente plutôt à une chimère en perpétuelle dilatation, être-mutant absorbant les sons environnants pour les recracher sous forme d'hybrides inattendus. Chez eux il n'est pas de métamorphose fluide, mais une greffe volontaire, portée par la collision comme moteur créatif.
Dans The joke of tomorrow, dernier chapitre de leur œuvre hermétique, cette dynamique atteint une netteté presque troublante. L'album est enveloppé par des ombres de metal extrême, soudain traversées par des pulsations funk. L'apparition inattendue d'éclats pop est contrée par des syncopes math rock et des montées quasi cinématographiques, aussitôt renversées par un humour acide. L'album semble construit comme une succession de chambres alchimiques où chaque style, une fois jeté dans l'expérience, est dissout, recomposé, projeté en éclats. On ne reconnaît plus les genres, mais on assiste à leur déhiscence - leur ouverture naturelle - poussée jusqu'à sa corruption.
Collision généralisée : l'alchimie sonore comme geste politique
L'album n'est pas seulement un patchwork virtuose : il produit la sensation curieuse d'un futur qui refuse de se figer. Psykup fait s'affronter des essences musicales que tout oppose, mais la collision ne donne jamais un simple chaos. Elle engendre un monde où la lourdeur devient geste libérateur, la mélodie s'effrite en bruit, et où la violence se transforme en comédie noire.
L'ensemble agit comme une machine à déjouer les catégories : chaque morceau ouvre une brèche, une déstabilisation qui tient autant du rire que de la secousse, traversant des zones de turbulence où l'ironie, la rage, l'excès et la douceur cohabitent sans hiérarchie.
L' "autruche métallique", plus instinctive que jamais, est prête à transformer la scène du Marché gare en atelier cosmique où les genres se disloquent pour mieux renaître.
Psykup et Vertex
Vendredi 12 décembre 2025 à 20h30 au Marché gare (Lyon 2e) ; de 24, 29 à 28, 29 €
