La fête à la musique

C'est cruel, mais le 21 juin tombant le jour de l'été, il faut faire comme les magazines féminins avec leurs unes estivales, il faut tailler dans le gras. Même si ici il ne s'agit pas du nôtre, de gras, mais de celui de la programmation de la fête de la musique. Car comme disait Desproges, on ne peut pas être au four et au moulin. Stéphane Duchêne

La fête de la musique a ceci d'utile, outre de nous en mettre plein les ouilles durant toute une soirée dévolue aux neuf notes de la gamme de do (pour ceux qui la maîtrisent en entier), de présenter également une sorte de concours de patronyme de très haut niveau, qu'il s'agisse de se baptiser comme un anti-inflammatoire bien connu, Voltarene – qui serait sans doute très à l'aise en duo avec la Fanfare Pustule –, ou de rendre hommage d'un seul coup d'un seul à deux géants de la télévision, l'un directement, par homonymie, l'autre (Laurent Ruquier) indirectement, pour son art du calembour comme le fait le groupe Les Onze y trônent (lol, non ?). Ou encore de moquer une œuvre phare du répertoire classique : Les Blérots de Ravel qu'on ne présente plus. Oui, c'est aussi ça la fête de la zizique. C'est la fête, comme chantait Michel Fugain qui n'était pas le dernier pour la déconne. Et c'est un peu, il faut bien le reconnaître, le Big Bazar. Une chatte n'y retrouverait pas ses petits dans une botte de foin.

 

Bœuf géant

Heureusement, on peut compter, même si certaines manquent à l'appel, sur les associations et autres structures locales, toujours bien dévouées et amoureuses de la musique, même le 21 juin, c'est dire l'abnégation : tel le Ninkasi Gerland avec le trio Jüne, vainqueur du «Tremplin Découvertes» du lieu, précédé d'Antonin, vainqueur du Ninka Tour et suivi d'un bœuf géant (musical bien entendu, vous croyez quoi ?) avec le groupe Bottlenext. Ce qui nous assure de voir de jeunes gens maîtriser leur art autrement qu'en une reprise à trois doigts et une corde vocale de Boy's don't cry jouée au pied d'un saule pleureur. Du côté de la place Sathonay, Tagada Tsoin Tsoin, antenne régionale du Printemps de Bourges (on peut donc leur faire confiance) réunit les talents de Chromb ! un quatuor de jazz, si l'on peut encore l'appeler comme cela, pour le moins atypique et référencé. Mais aussi A.N.I. petit génie d'une électro avant-gardiste autant que rétro futuriste dont on vous avait déjà dit le plus grand bien il y a des lustres. Et puisque cette année est une année à filles, les chanteuses Cody (on a vérifié, c'est bien une fille) et l'Étrangleuse (on la croit sur parole), complètent le set.

Autre association ayant pignon sur rue, en l'occurrence sur place, celle de la Croix-Rousse, Lerockepamort, en charge de la programmation à l'année du Krazpek, et qui nous présente un nouveau petit phénomène : La bien nommée Joe Bel, rockeuse, folkeuse, hip-hopeuse, et un groupe de «petits jeunes» qui montent après s'être donné la musique pour mission, Enlarge Your Monster. Et comme c'est la fête, il y a même du Stéphanois, en la personne des Dandy Freaks. Stéphanois encore du côté de la place du Change avec les très rock & folk Doorsfall, accompagnés des nettement plus musclés (musicalement s'entend) Yoshki et des prometteurs LilyRush pour la parité. Les petits jeunes, c'est bien beau, mais ceux qui aiment à compter sur les valeurs sûres pourront se rendre du côté de la scène Orage Prod, place Ambroise Courtois, où l'on retrouvera l'éternel étendard lyonnais Le Voyage de Noz, le groupe préféré des supporters de l'OL mais pas que.

C'est dans l'Air

Et comme la fête de la musique, c'est toute la journée, les Lyonnais retrouveront dès leur départ au boulot, une chose qui manque sans doute à Lyon : des musiciens dans les couloirs du métro, comme à Paname. Sauf à être anarchiste et contre le métro-boulot-dodo. Ceux-là, tout comme ceux qui en ont soupé de toutes ces élections pièges à cons des dernières semaines, iront pogoter avec la CNT au 44 rue Burdeau, au son de Crève-cœur et de Savage Riposte. Anarchy in the X-Rousse ! Plus roots dans l'âme, on se rendra Place Saint-Paul, capitale historique de rastafarisme, pour écouter Zion High Foundation retourner aux sources de la musique jamaïcaine entre ska, rock steady et bien sûr reggae, man.

Pour ceux que la musique live répugne, surtout le 21 juin, se précipiter, 20 rue du Lac, sur la pelouse du Grand Lyon, voir les champions du monde de Air guitare, les Airnadettes, une formation qui joue de tous les instruments, mais sans instruments, et qui renouvelle l'art assez compassé du mime et du play-back intégral. Ce qui leur permet de pouvoir "interpréter" n'importe quel morceau du répertoire en faisant des têtes (l'art du mime est une discipline complète) et même une comédie «musiculte» avec répliques et morceaux musicaux, entièrement en play-back. Et pour les malchanceux qui se fouleraient une cheville ou un tympan, le Centre hospitalier St-Joseph-St-Luc-St-Michael Jackson propose une conférence DU spécialiste des musiques urbaines, ancien animateur de Rap line, l'illustre Olivier Cachin. Un Cachin et un cachet, voilà qui est bien organisé.   

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