L'Evangile selon Saint Kevin Morby

KEVIN MORBY + NIGHT SHOP

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Folk Rock / Sur son dernier album en date, le très habité "Oh My God", Kevin Morby s'autorise quelque ambition évangélique. Et en continuant de louer la trinité Reed/Cohen/Dylan finit par voir la Vierge. Et nous avec.

Non, Kevin Morby ne croit pas en Dieu, du moins pas tel qu'on l'imagine — il fait sa petite tambouille spirituelle de son côté, de ce qu'on en sait. Et c'est précisément parce qu'il n'est pas vraiment croyant qu'il est si bien placé pour parler de Dieu. En outsider affranchi de toute complaisance ou dévotion aveugle, avec aussi la conscience de tenir-là un sujet inépuisable.

Baptisant son dernier album Oh My God, Morby s'empare aussi d'une expression que chacun — anglophone ou non — utilise environ dix fois par jour pour dire la stupeur, la surprise, la déception, l'horreur. Pour Morby, une manière de jeter une exclamation d'effroi à l'adresse de l'Amérique de Trump — comme beaucoup il est encore traumatisé par l'élection de l' « orange piece of shit » décrite par Jon Spencer. À la fois juron, donc, et supplique que ce Oh My God qui se coule dans un gospel dépouillé, où domine le piano comme substitut modeste aux grandes orgues.

Saints et martyr

Et Morby de vouer, toujours, un culte acharné à sa Sainte Trinité : Lou Reed, lorsqu'il se laisse aller à des vapeurs velvetiennes (OMG Rock'n'roll, son What Goes On) ; le Leonard Cohen de Death of a Ladies' Men, lorsque l'homme de vertu tamponne le pécheur invétéré dans le brouillard d'une ivresse spectorienne (Congratulations, Nothing Secret/All Things Wild, Piss River, on en passe) et le Bob Dylan de la période chrétienne (Oh Behold, Savannah). Ces deux derniers se chevauchant volontiers comme le Père et le Saint Esprit dans les supplications du Fils (Hail Mary, rosée de larmes muée en un gospel païen monté au ciel en chevauchant un orgue Hammond).

À certain autre moment, on le surprend non pas à fouler la terre d'un authentique martyr de l'existentialisme rock — le Sparklehorse de Mark Linkous — mais à butiner les fleurs du mal qui y poussent comme le chiendent de la mélancolie, cette idée longtemps martelée par Linkous — avant qu'il ne se colle un fusil dans la bouche — que la vie est belle certes (It's a wonderful life, chantait-il) mais quand même, il faut se la farcir. Ce à quoi pourvoit sans doute, chez certains, Dieu, la religion. Et dans tous les cas, la musique (pas tout à fait) sainte de Kevin Morby, digne que l'on s'en fasse prosélyte.

Kevin Morby
À l'Épicerie Moderne le vendredi 14 février

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