Les Muses s'amusent
Théâtre / Treize interprètes sur le plateau, de la musique live, une histoire alambiquée : Les Muses de Camille Germser est un spectacle riche, parfois déroutant mais très enthousiasmant.Renan Benyamina
Le spectateur oscille constamment entre ivresse heureuse et perplexité face à ce déferlement absurde de petites histoires, de grands récits mythologiques, de trouvailles scéniques kitsch et de réflexions plus ambitieuses sur l'art de la représentation. Le trouble est assumé, les personnages s'indignent eux-mêmes de la confusion qui règne entre le théâtre et la vie. Au milieu de ce chaos théâtral d'où surgissent autant de moments de grâce que de situations déroutantes, il y a la musique. Car régulièrement, les sept comédiennes fétiches de Germser entonnent des chansons assorties de petites chorégraphies ; on ne peut alors s'empêcher de penser au François Ozon de Huit femmes. L'esthétique générale du spectacle est une vraie réussite, mélange de théâtre de plateau et de comédie musicale glamrock. Des robes à paillette, des boas, de la fumée et des montagnes en carton-pâte ; ça brille, c'est ridicule, c'est beau. Il y a quelque chose d'un caprice d'enfant dans le travail de Camille Germser, qui touche juste autant qu'il peut agacer. Le caprice d'un enfant qui refuse d'arrêter de jouer, que l'idée de la mort révolte mais qui trouve là son inspiration. Pour notre plus grande satisfaction.