Les filles désir, barcelona honey
Nos jours heureux / Un premier film frais et bouillonnant où la chronique estivale pleine de punch laisse place à un récit d'émancipation féminine saisissant.

Photo : Les Filles désir © Zinc Films
Loin des reportages sensationnalistes ou des représentations de fiction contestables, Les Filles désir présente une jeunesse des quartiers nord en prise directe avec le réel dans un élan solaire. Film de troupe confrontant l'énergie brute du théâtre à la vitalité du cinéma naturaliste, il dépeint une bande partagée entre son quotidien, ses responsabilités (la gestion d'un centre aéré) et ses rivalités. La dynamique et l'équilibre du groupe sont fragilisés par le retour d'une amie d'enfance, Carmen.
Les garçons de la bande
Point de départ sur grand écran d'une aventure collective initiée plusieurs années auparavant sur les planches et en format court, par la réalisatrice Prïncia Car et ses comédiens, ce coup d'essai séduit d'abord par son énergie. Authenticité, tchatche et accent sont au programme d'une œuvre faussement légère, immédiatement attachante et immersive. La justesse globale du casting et sa spontanéité l'emportent sur une écriture qui, à vouloir faire de la place à un maximum de personnages, se condamne à certaines maladresses ou redondances. L'enjeu est ailleurs, il s'agit, entre autres, d'aborder frontalement les questions de mœurs dans un environnement très majoritairement masculin aux idées arrêtées (et binaires) sur la gent féminine.
Le fantôme de la liberté
L'entrée en scène de Carmen dynamite la dynamique collective et agit comme le révélateur salvateur de sentiments refoulés, d'hypocrisie et de contradictions, confrontant les hommes à leurs propres limites. Elle insuffle une liberté de ton au sein d'un univers cadenassé qu'elle contribue à déverrouiller partiellement par son tempérament et sa franchise. Le film vire ainsi progressivement au récit d'émancipation féminine tardif mais percutant. Relecture très contemporaine de grands classiques (du Jeu de l'amour et du Hasard à La Maman et la putain), le film se pose en lointain cousin marseillais de L'Esquive. À vif et plus cru que ses modèles, il impose un regard assurément prometteur, bienveillant mais intransigeant avec ses héros et héroïnes, qui ne demande désormais qu'à être creusé et affiné.
Les Filles désir
De Prïncia Car (1h33) avec Housam Mohamed, Leïa Haïchour, Lou Anna Hamon... En salle le 16 juillet 2025.