Le théâtre L'Île Ô change de mains pour rester à quai
Rachat / Menacé de disparition après seulement un an d'ouverture, le théâtre flottant de l'Île Ô a officiellement changé de mains. Le Tribunal de commerce a validé le 26 juin sa reprise par un collectif de 22 entrepreneurs lyonnais, réunis au sein de "Les Patrons de Lyon investissements". Une opération de sauvetage, autant qu'un pari sur la viabilité d'un lieu unique en Europe.

Photo : © Théâtre l'Île l'Ô
Ouvert en janvier 2023 après plusieurs années de chantier, le théâtre de l'Île Ô n'aura tenu que quelques mois avant de sombrer dans une impasse financière. Endetté à hauteur de deux millions d'euros, le projet avait été placé en redressement judiciaire à l'automne 2024.
À l'origine du lieu, Jean-Philippe Amy, également fondateur du Patadôme à Irigny, évoque une addition de surcoûts imprévus et une impossibilité de lisser la dette sur plus de dix ans, comme le permet la procédure. « Le théâtre n'était pas structurellement déficitaire, mais c'était un prototype. On a pris tous les coups de dernière minute : renforts, béton, sécurité. Et avec l'inflation, ça n'était plus soutenable. »
Jeudi 26 juin, le Tribunal de commerce de Lyon a validé la reprise du site par Les Patrons de Lyon investissements, une SAS présidée par Pascal Blandin, commissaire aux comptes et associé du groupe Avvens, spécialisé dans l'audit et le conseil. Le groupement, composé de 22 entreprises lyonnaises, a réuni 600 000 euros pour reprendre l'ensemble des activités dans une seule entité juridique, tout en conservant la marque de théâtre privé "Les Scènes ôtrement". Ce sauvetage permet de maintenir à flot sept postes permanents, une trentaine d'intervenants et une soixantaine d'intermittents.Â
« Préserver l'artistique »
Contactés par nos soins, les deux pilotes du projet, Jean-Philippe Amy - qui reste donc à la tête du théâtre - et Pascal Blandin, insistent sur une volonté commune qui est de faire vivre le lieu sans en trahir l'intention initiale. De son côté, Pascal Blandin se veut clair « Nous ne faisons pas cela pour la rentabilité. C'est un engagement pour sauvegarder un lieu culturel singulier et lui permettre de se développer. Il aurait pu être déplacé ou reconverti. On a préféré le garder à Lyon, tel qu'il a été pensé ».Â
Les spectacles jeune public restent donc au cœur de la programmation, mais seront complétés par la suite par des propositions touristiques, des accueils d'artistes émergents et une activité événementielle plus structurée. « Il y a encore beaucoup à faire, mais on a les moyens humains et financiers de le stabiliser », conclut Pascal Blandin.Â