Un premier spectacle de drones à la Fête des Lumières de Lyon
OVNI / Pour la première fois, la Fête des Lumières accueille un spectacle aérien de 500 drones. "L'Éveil des lumières" s'élancera depuis l'île du Souvenir, au-dessus du lac du parc de la Tête d'Or, toutes les trente minutes, pour huit minutes de figures lumineuses.
Photo : Projection L'Éveil des lumières © Fête des lumières
Longtemps, la fête a reposé sur le seul lumignon et la mise en lumière des rues et des façades. Cette fois, la ville invite les spectateurs à suivre une chorégraphie aérienne. Le cycle serré - un spectacle toutes les trente minutes - représente déjà une prouesse en soi. En effet, chaque vol nécessite préparation, retour, recharge et manutention, avec une équipe de trente personnes mobilisée durant les quatre soirs de la Fête des lumières.
C'est la société Allumee, spécialisée dans le spectacle de drones et née à Saint-Priest en 2020, qui signe cette proposition. Pour elle, cette présence à l'événement marque un tournant. Édouard Ferrari, son fondateur, défend depuis plusieurs années l'idée d'intégrer ce médium à la programmation, même s'il reconnaît que le marché s'est structuré à (trop ?) grande vitesse, avec des opérateurs moins coûteux, mais parfois amateurs.
Star wars
L'usage de drones dans les événements n'est plus inédit. La société autrichienne Ars Electronica en 2012 présentait pour la première fois un spectacle dans le ciel de Linz en Autriche composé de 49 drones. On note aussi certains records - comme les 11 787 drones déployés en Chine en 2025 - qui en ont fait une démonstration de puissance technologique. L'arrivée de ce dispositif à Lyon s'inscrit donc dans une tendance mondiale, mais son installation dans un parc boisé pose des enjeux particuliers.
La hauteur de vol doit être entre 30 et 90 mètres, au cœur d'une végétation dense, avec un vent parfois capricieux, une visibilité variable selon l'emplacement du public et la présence de faune. Allumee assure que le dispositif génère peu de bruit, hormis le bourdonnement du décollage, déjà testé à proximité de chevaux dans d'autres collaborations, comme avec l'hippodrome de Parilly à Bron. L'entreprise dit avoir misé sur le standard technique construit autour de drones français conçus par l'entreprise toulousaine Drotek, avec une autonomie passée d'une dizaine à une trentaine de minutes et un système de vol plus robuste.
Cette ambition s'appuie sur un travail internalisé : « On a développé nos outils en interne pour pouvoir maîtriser l'ensemble de la chaîne », raconte Xavier Chauchard, directeur commercial d'Allumee. « Notre maintenance intégrée, modélisation 3D assurée par Pierre Gruner, systèmes LED multiples, dispositifs de flottaison en cas de chute dans l'eau » détaille-t-il. Car derrière la performance, il y a un récit à produire. L'Éveil des lumières travaille les références à la fête : des motifs abstraits, des figures évoquant l'origine et les mutations de la lumière dans des transitions continues, sans rupture ni effet d'écran noir, selon les exigences artistiques que l'entreprise dit avoir voulu pousser pour cette première lyonnaise.
Feux verts
C'est la technicité d'une entreprise locale, associée à la volonté de réduire l'impact environnemental, qui a séduit la Ville de Lyon pour accueillir ce spectacle. Une affirmation plus nuancée qu'il n'y paraît. Si le spectacle ne laisse aucun résidu et limite les nuisances sonores, son cycle technique - batteries, transport, recharges multiples - demande à être analysé précisément. L'adjointe à la Culture et aux grands événements de la Ville de Lyon, Audrey Hénocque, assure avoir étudié ces paramètres. Sans affirmer un bilan parfait, elle défend une approche pragmatique qui est d'explorer des options plus sobres, sans en faire un dogme.
Pour Allumee comme pour la Ville, l'enjeu est aussi celui du récit. Le drone permet ce que la lumière statique ou le mapping ne peuvent pas : un point lumineux qui se déplace dans l'espace pouvant recomposer à l'échelle une silhouette, une façade ou encore un monument au complet. Leur présence à Lyon explore donc une autre forme de lumière, et un public qui apprend à lire les constellations artificielles avec la même curiosité que les lueurs sur les murs. Encore faut-il que la technique serve à autre chose qu'à sa propre démonstration.

Le marché mondial des spectacles de drones est appelé à croître fortement d'ici 2032, devant passer de 27, 22 milliards de dollars en 2024 à 135 milliards selon le rapport du centre mondial de statistique Wiseguy reports. Mais il reste pour le moment un marché couteux avec des spectacles de drones pouvant coûter jusqu'à deux fois et demi plus cher qu'un feu d'artifice classique par exemple.
L'Éveil des lumières
Les 5, 6 et 8 décembre 2025 de 19h à 23h, le dimanche 7 décembre 2025 de 18h à 22h au parc de la Tête d'Or (Lyon 6e) ; gratuit

