Georges Adilon libère le noir
Art contemporain / La galerie Houg rassemble un magnifique ensemble de dessins de Georges Adilon, datant de 1983 à 1984, début de son grand œuvre au noir.
Photo : Georges Adilon
Au milieu de la galerie Houg, on se retrouve cernés de noir et de blanc, de laque industrielle noire (et d'encre de Chine) sur de grandes feuilles à dessins. On se retrouve débordés, perdus, fascinés. Il n'y a aucune figure humaine ni même géométrique, rien ne semble stable, tout est gestes, mouvements, tourbillons, volutes, spirales. Cela ne veut rien dire ni ne représente rien, mais cela dégage une énergie phénoménale, avec des intensités variables : du noir le plus clair au noir le plus dense, du trait le plus esquissé au trait le plus dur et épais. Il y a certaines répétitions de gestes qui stabilisent des ensembles, des séries, mais qui s'accompagnent toujours de variations, d'évolutions graphiques, d'un devenir incessant. C'est un monde d'avant ou d'après l'écriture.
Pinceau nullement inféodé
Avec ces œuvres sur papier, Georges Adilon (1928-2009), rompt brutalement avec sa longue période figurative et paysagiste. Diplômé de l'École des Beaux-arts de Lyon en 1949, il commence à exposer avec succès dès le milieu des années 1950. L'exposition de la galerie Houg se focalise sur 1983 et 1984, années de sa grande bascule dans une œuvre au noir abstraite et expressionniste. C'est en 1984 aussi qu'il "jettera" 800 kg de peinture noire sur une surface blanche de 52 mètres sur 16 mètres, peignant pendant trois jours avec un balai ! À 56 ans, l'artiste est alors en quête de liberté : plus d'image, plus de cadre, plus de tableau, mais l'expansion infinie des gestes. Dans ses entretiens, Georges Adilon se réclame surtout de la musique (il cite quand même aussi Goya et Yves Klein), cette sphère artistique qui n'a nulle limite précise dans l'espace et qui n'est inféodée à aucune fonction représentative.

Georges Adilon, À l'aube du noir
Jusqu'au 27 décembre 2025 à la Galerie Houg (Lyon 2e) ; entrée libre

