Katatonia à La Rayonne : l'immuable en mouvement

Publié Lundi 17 novembre 2025

Metal / Le groupe suédois s'annonce à La Rayonne avec un nouvel élan, malgré les départs récents qui auraient pu ébranler sa structure. Une apparition attendue, entre continuité assumée et réajustements discrets.

Photo : Katatonia / Photo Credit : Terhi Ylimäinen

Aborder l'esthétique katatonienne est l'un des gestes les plus ouverts à la dérive que puisse proposer le metal actuel : pas de heurts, pas de murs à franchir, mais une glissade dans un espace sonore où la densité se laisse approcher sans crispation. Cette facilité d'accès n'a rien d'un affadissement, mais traduit plutôt une manière d'habiter la mélancolie sans la surjouer, d'en faire une matière respirable.

Entre continuité et mutation

Au gré de ce parcours de plus de trois décennies, le projet de Jonas Renkse poursuit une voie qui ressemble moins à une évolution qu'à un affinement continu. Son chant, toujours situé entre clair-obscur et élans suspendus, maintient le cap d'un rêve lucide où l'ombre n'est jamais séparée (involontairement, parfois) d'une impulsion lumineuse.

Le récent Nightmares as extensions of the waking state n'incarne pas un tournant mais la solidification du vocabulaire sonore de ces dernières années. Les changements internes - le départ du cofondateur Anders Nyström et celui de Roger Öjersson - auraient pu annoncer une fissure. Il n'en est rien : avec Nico Elgstrand et Sebastian Svalland, Katatonia prouve sa capacité à absorber la transformation sans renoncer à sa cohérence : l'ensemble fonctionne comme une entité qui sait se remodeler sans détériorer sa trajectoire. Musicalement, le groupe occupe toujours ce point d'équilibre particulier où la masse héritée du death rencontre la géométrie plus vaste du prog et certaines respirations proches du post-rock. Non pas une synthèse, mais un espace d'exploration féconde, où pesanteur et apesanteur cohabitent sans se neutraliser.

Le 11 novembre dernier, au moment de lancer sa tournée depuis Tampere, Katatonia a publié une reprise de A world without heroes, poignant hommage à Ace Frehley, le guitariste emblématique de Kiss récemment disparu. Un geste sans emphase, qui dit pourtant quelque chose de son rapport au passé : ni vénération ni rupture, mais un fil continu, presque souterrain.

Le concert villeurbannais s'annonce ainsi comme une traversée sans tapage, guidée par une minutie qui refuse le spectaculaire tout autant que l'inertie : une plongée dans une esthétique qui n'exige rien, sinon que l'on accepte de s'y laisser immerger.

Katatonia, Evergrey et Klogr
Samedi 29 novembre 2025 à 19h30 à La Rayonne (Villeurbanne) ; de 33, 67 à 36, 20€