Oklou, Party (only) 4 u
Hyperpop / Plus de dix ans après ses débuts, Oklou est devenue, à la faveur de son premier album ("Choke Enough", Prix Joséphine 2025), une figure incontournable et singulière de la scène hyperpop. C'est au Transbordeur qu'elle viendra ouvrir les portes de son univers obsédant, véritable vivier intime et créatif.
Photo : Oklou © Gil Gharbi
« So, what do you want to be when you grow up? I don't know, I want to go on adventures, I think » pouvait-on entendre sur Ground. Dès 2014, Oklou esquissait en filigrane une tension entre monde adulte et enfance, insouciance et lucidité, où l'incertitude devenait moteur de création. Plus tard, sur le morceau Galore (2020), l'artiste trouvait une esthétique sonore optimale pour retranscrire un projet viscéral et conceptuel. Sa voix modifiée numériquement en plusieurs tessitures amorçait un dialogue avec elle-même. Plusieurs époques, âges, états et versions de la chanteuse échangeaient, entrecoupés de silences vocaux sciemment placés sur un fond minimaliste à base de notes synthétiques.Â
Another NightÂ
Hybride et mutante, atmosphérique et nocturne, la musique d'Oklou traduit simultanément un état de transition et d'achèvement. Elle oscille entre le rêve éveillé et l'insomnie, le passé et le présent, le conscient et l'inconscient, le réel et virtuel. Hyperpop sensible, authentique et fédératrice, elle confronte sa quête d'une innocence perdue à l'acceptation d'une maturité parsemée de doutes et d'angoisses. Son geste opère une réconciliation entre l'organique et le digital, l'émotion et le postmoderne. Chaque transformation vocale tend à réaffirmer la présence humaine aux commandes, tandis que les instruments classiques interagissent, jusqu'à se fondre avec les effets numériques et à frôler la dissolution.Â
It's okay to cry
Ce dessein de fusion où le genre devient secondaire crée un maelström de sons en résonance : il affirme un horizon musical instinctif et en constante expansion. Sur son récent premier album, Choke enough, Oklou passe de la folk minimaliste (Blade bird) à l'eurodance (Harvest sky) ou même la comptine électro sur l'extraordinaire Take me by the hand. Elle se démarque jusque dans l'usage de l'anglais, abordé au moyen d'une écriture très poétique et littéraire, profondément "française". Cette manière de se réapproprier une langue étrangère en l'imprégnant de ses racines parachève l'élaboration d'une chanson post-intime à l'identité plurielle et totalement unique.
Oklou
Lundi 24 novembre 2025 Ã 20h au Transbordeur (Villeurbanne) ; 28, 50 €
