« Il faut créer ce réflexe notaire » Laetitia Jossier, nouvelle présidente de la CIN de Lyon présente sa feuille de route
Juridique / Élue en mai dernier à la tête de la Chambre interdépartementale des notaires de la Cour d'appel de Lyon, Me Laetitia Jossier, a convié la presse mercredi 29 octobre au Club de la presse de Lyon pour présenter sa feuille de route.
Photo : Présidente de la Chambre interdépartementale des notaires de la Cour d'appel de Lyon depuis mai dernier, Laetitia Jossier a convié la presse ce mercredi 29 octobre au Club de la presse de Lyon pour présenter sa feuille de route © CD/LePetitBulletin
Me Laetitia Jossier, notaire à Oyonnax, a été élue en mai 2025 à la présidence de la Chambre interdépartementale des notaires de la Cour d'appel de Lyon. Elle succède à Cyrille Farenc et devient la première notaire de l'Ain à occuper cette fonction. À la tête d'une profession en pleine mutation, elle défend un notariat de proximité, engagé et accessible.
« Avoir un notaire à moins de 15 minutes de chez soi »
La fusion des chambres départementales de l'Ain, du Rhône et de la Loire, officialisée par décret en avril 2023, a donné naissance à une instance commune qui est la Chambre interdépartementale des notaires de la Cour d'appel de Lyon. Cette dernière conserve trois sites : Lyon, son siège principal, mais aussi Bourg-en-Bresse et Saint-Étienne, où les antennes continuent d'assurer un lien direct avec les professionnels et les citoyens. « Il ne s'agit pas de tout centraliser, mais de mieux coordonner nos moyens. Chaque département garde son ancrage, son rythme, sa relation avec le public. »
Elle regroupe aujourd'hui 951 notaires répartis dans 388 études, dont 189 créées au cours des dix dernières années. Une augmentation portée par la loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques dite "Loi Macron" de 2015, qui a ouvert l'installation à de nouveaux professionnels via une carte d'implantation révisée tous les deux ans.Â
Me Laetitia Jossier insiste sur cette présence de terrain : « Il y a toujours un notaire à moins de 15 minutes de chez soi. C'est une réalité concrète, et elle dit quelque chose de notre rôle social. » Cette densité territoriale, estime-t-elle, est une richesse à préserver.

Une profession en pleine mutation
La présidente souligne une transformation profonde du corps notarial. « La moyenne d'âge est aujourd'hui de 45 ans. Plus de la moitié des notaires sont des femmes, et 60 % d'entre eux ne l'étaient pas il y a dix ans. »
La modernisation passe aussi par la formation, notamment sur l'usage de l'intelligence artificielle générative. L'objectif n'est pas de remplacer l'humain, mais de mieux outiller les notaires dans leur travail quotidien dans la veille juridique, recherche documentaire, tâches administratives. « Nous ne sommes pas près d'être remplacés par des machines », sourit Me Laetitia Jossier. « Deux situations qui semblent identiques ne doivent pas être traitées de la même manière. Ce qui compte, c'est la personne que l'on a en face de soi. »
Réconcilier les citoyens avec le notariat
De nouvelles missions viennent enrichir le rôle du notaire telles que la délivrance d'apostilles, la lutte contre le blanchiment d'argent, les divorces sans juge... Autant de responsabilités qui visent à alléger les tribunaux tout en renforçant le rôle de conseil et de protection du patrimoine. Mais si ces récentes réformes confortent la place du notaire comme acteur de proximité, Me Laetitia Jossier défend une approche encore plus humaine du métier. « Le notaire est encore trop souvent perçu comme une figure distante, institutionnelle. Il faut recréer un réflexe notaire chez les gens. »Â
Elle souligne que les notaires jouent un rôle essentiel, tant auprès des entreprises que dans les étapes clés de la vie - adoption, successions, médiation, procréation médicalement assistée... Selon elle, l'image du notaire reste parfois figée dans le passé, associée à un langage complexe ou à une fonction perçue comme distante. Il est donc important de montrer qu'ils sont des juristes accessibles, à « l'écoute » et profondément « engagés ».

