Écoles primaires : la Chambre régionale des comptes dresse un état des lieux contrasté en Auvergne-Rhône-Alpes
Éducation / Dans un rapport publié fin novembre, la Chambre régionale des comptes (CRC) Auvergne-Rhône-Alpes pointe un paradoxe dans la gestion des écoles primaires : malgré la baisse des effectifs, les coûts explosent. En cause, un patrimoine vieillissant et des coûts trop mal connus.Â
Photo : Thomas G. de Pixabay
La CRC Auvergne-Rhône-Alpes vient de publier une synthèse de ses contrôles sur la gestion des écoles primaires publiques. En examinant à la loupe vingt-et-une collectivités, dont plusieurs de la métropole lyonnaise comme Saint-Priest, Tassin-la-Demi-Lune ou encore Mions. Â
Le premier constat de la chambre pourrait paraître paradoxal depuis Lyon, où certaines écoles restent saturées. Pourtant, à l'échelle régionale, la démographie décroît, ainsi on compte moins d'enfants en maternelle depuis 2019, des fermetures de classes en perspective et des bâtiments parfois déjà sous-utilisés. Dans l'ouest lyonnais par exemple, la commune de Tassin-la-Demi-Lune a vu ses effectifs fondre de près de 7, 8 % entre 2021 et 2023, tandis que Saint-Priest résiste mieux avec une baisse plus modérée de 2, 9 %. Un mouvement national, certes, mais dont les effets sont concrets dans les communes périurbaines qui entourent la métropole et avec lesquelles Lyon partage une partie de ses flux scolaires et résidentiels.
En clair : les territoires ont commencé à perdre leur boussole. Pour anticiper, les communes bricolent avec leurs propres projections faute d'outils partagés avec l'Éducation nationale. Résultat, la prospective se construit à vue et fragilise les décisions de long terme, notamment lorsqu'il s'agit de lancer une extension d'école, d'en rénover une ou de réserver du foncier scolaire. La chambre note d'ailleurs qu'une école construite aujourd'hui doit déjà tenir compte à la fois de la baisse des effectifs et de l'augmentation des épisodes de chaleur, deux phénomènes qui tirent le bâti vers des exigences opposées.
Entre investissements lourds et coûts mal connus
L'autre versant du rapport concerne les finances locales. Si les communes consacrent déjà entre 12 % et 30 % de leur budget de fonctionnement à la compétence scolaire, elles disposent rarement d'une vision exhaustive du coût réel d'un élève. Dans les 22 collectivités auditées, le coût varie du simple au triple, oscillant entre 1 000 € et 3 000 € par élève et par an selon les services inclus, sans méthode harmonisée. Pour Lyon comme pour les communes voisines, cela signifie qu'un pilotage au plus juste reste difficile, notamment pour calibrer la restauration, les équipes ATSEM ou l'entretien du patrimoine.
Or les investissements nécessaires sont massifs : bâtiments vieillissants, rénovation énergétique, adaptation au climat, sécurisation, accessibilité. Certains projets ne tiennent debout qu'avec des subventions, ce qui peut mécaniquement orienter les priorités. Là encore, la Chambre rappelle un point essentiel qui est que la rénovation énergétique et que la réorganisation scolaire ne peuvent plus être pensées séparément. Les territoires qui investissent dans une école sans intégrer la baisse des effectifs, ou l'inverse, risquent de payer deux fois.
La restauration scolaire illustre parfaitement ce phénomène. Très attendue par les familles - y compris dans les centres densifiés de Lyon et Villeurbanne - elle coûte cher, très cher. Et son prix réel, intégrant le personnel, le service, le transport et le fonctionnement, varie dans un rapport allant d'un à trois selon les communes. Une amplitude qui interroge la cour sur l'équité territoriale, mais aussi sur la lisibilité des choix locaux.
Un modèle à stabiliser pour éviter les fractures scolaires
La Chambre met en lumière un point que connaissent bien les élus de la métropole qui est que le système repose sur une articulation fragile entre l'État et les communes. L'accompagnement des enfants en situation de handicap en est l'exemple le plus frappant. La reconnaissance tardive des situations, le manque d'AESH et les besoins de matériels spécifiques mettent les villes en première ligne, parfois sans les moyens adaptés. L'inclusion est un horizon affiché, mais son opérationnalité repose encore sur des bricolages locaux. Les collectivités compensent en achetant du matériel, en aménageant les locaux ou en renforçant les équipes, sans cadre financier clair.

