Vitamine 7, un nouveau lieu pour le sport inclusif ouvre dans le 7ᵉ
Ouverture / Ouvert discrètement début septembre, Vitamine 7 sera officiellement inauguré mercredi 24 septembre 2025. Sur l'ancien parking du collège Gisèle Halimi, Lieux Solides et Sportfield ont imaginé un espace hybride qui conjugue terrains modulables, padel couvert et programmation inclusive.

Photo : Vitamine 7 a ouvert ses portes au 3 bis Rue Félix Brun dans le 7ᵉ
Portée par un appel à manifestation d'intérêt lancé par la Métropole de Lyon, désireuse d'accueillir un projet dédié au sport inclusif, l'initiative redonne vie à une friche urbaine en la transformant en un espace d'animations qui se veut ouvert à toutes et tous. Dans la continuité de la Cité des halles, qui avait animé pendant trois ans la friche Nexans, une partie de l'équipe reprend le flambeau de l'urbanisme transitoire, cette fois-ci en mettant le sport au cœur du projet. « Ce qui nous anime, c'est la volonté de faire renaître des espaces oubliés en lieux de vie partagés. Avec Vitamine 7, nous explorons un champ encore peu investi à Lyon : celui du sport collectif et populaire », explique Maxime Cadel, cofondateur de Lieux solides, une SAS proposant de revaloriser des espaces.
Le site, confié pour quatre ans par la Métropole, s'étend sur 2000 m². On y trouve un terrain extérieur modulable qui change de configuration chaque mois - tantôt handball, basket, football ou badminton - ainsi qu'un écran géant en plein air pour partager les grands moments sportifs. Une buvette et des food trucks complètent l'offre, dans un esprit qui se veut autant convivial que familial.
Des pratiques ouvertes
« On nous a demandé de travailler sur la place des femmes dans le sport, mais aussi sur l'accueil des seniors, des scolaires ou des personnes en situation de handicap », détaille Maxime Cadel. Vitamine 7 prévoit ainsi des créneaux encadrés par des animateur(ice)s réservés en non-mixité choisie ou que des cycles dédiés aux personnes en situations de handicap.
Pour ce faire, au mieux la programmation s'appuie sur un réseau d'acteurs locaux et nationaux : Kabubu, Cargo, Novosport, mais aussi des fédérations sportives départementales et régionales partenaires : « L'objectif est que la majorité des activités soient gratuites en des séances d'une à deux heures », insiste Maxime Cadel.
Le padel en appoint

À côté de cet espace collectif, quatre terrains de padel couverts sont proposés par Sportfield, structure spécialisée dans les infrastructures sportives temporaires. Ouverts de 7h à 22h, ils sont loués 40 € par heure pour quatre joueurs maximum, avec la possibilité de louer des raquettes et des balles sur place. Une offre payante, mais complémentaire, qui permet d'attirer un autre public et de sécuriser le modèle économique. L'entreprise Sportfield, déjà implantée à Paris, revendique une approche modulable, sans artificialisation des sols, et s'associe régulièrement à des structures qui œuvrent pour l'inclusion dans le sport comme la fondation Alice Milliat qui promeut la féminisation du sport.
Un laboratoire d'usages
Au-delà de la pratique sportive, Vitamine 7 veut aussi être un lieu de convivialité, avec des événements ponctuels comme des bingos, des expositions ou des conférences autour des questions de genre dans le sport. « Nous avons lancé un projet tutoré avec des étudiants pour travailler sur les aménagements, la communication, la programmation... Ce lieu est aussi un terrain d'expérimentation », souligne Maxime Cadel.
Reste que les promesses d'inclusion se heurtent souvent à des difficultés concrètes. Créer des créneaux adaptés ne garantit pas qu'ils soient fréquentés, ni que les pratiques sportives s'ouvrent réellement à tous les publics. Les inégalités d'accès au sport demeurent fortes : en France, selon le Haut conseil à l'égalité, en 2024 à peine 56 % des femmes déclarent pratiquer une activité sportive régulière contre 60 % des hommes, tandis que les personnes en situation de handicap restent largement sous-représentées dans les clubs. Le coût du matériel, les contraintes de transport ou encore le poids des représentations sociales peuvent freiner l'élan d'ouverture que de tels projets affichent.
De plus, le caractère éphémère de ces occupations interroge. Après la Cité des Halles, disparue avec son site, que deviendra Vitamine 7 dans quatre ans ? Ce type d'occupation d'un espace momentanément libre permet d'animer les friches, mais laisse aussi planer l'incertitude sur l'héritage de ces expériences collectives. Elles risquent d'accumuler les bonnes intentions sans parvenir à transformer réellement les pratiques. Vitamine 7 illustre ainsi toute l'ambivalence de l'urbanisme transitoire : vitalité et invention d'un côté, fragilité et disparition programmée de l'autre.
Mais Vitamine 7 assume son rôle de laboratoire. « Beaucoup d'énergie est nécessaire pour monter ces types de projets, reconnaît Maxime Cadel. Mais ce qui est intéressant, c'est de voir naître des initiatives dans des endroits improbables et de leur donner une chance d'exister. »