Nu-méro

Publié Lundi 8 décembre 2008


Aussitôt dit, aussitôt fait! J'ouvre un blog pour le Petit Bull. Envie de parler de ce que je vois, entends, découvre. Envie d'en discuter avec vous, de partager des avis, des expériences culturelles, des moments de magie artistique.

Et quoi de mieux pour ouvrir le bal que le show de Dave St-Pierre, grand manitou tout nu de la danse contemporaine canadienne.

Jeudi soir, une petite dizaine d'hommes nus a déferlé sur la scène de la Maison de la Danse. Affublés de longues perruques blondes, ils se sont faufilés au sein du public, écartant les cuisses, se gratouillant l'entre-jambes, exposant leurs fesses, leurs poils, et poussant des cris d'animaux blessés. Un condensé de corps bruts, une explosion d'humanité à la fois violente et rédemptrice. Car là où la nudité est souvent traitée de manière déshumanisante, « Un peu de tendresse, bordel de merde! » propose quelque chose d'humain, de fragile, et de profondément touchant. La violence de l'acte sexuel n'y est plus vulgaire ou bestiale: elle est instinctive, intuitive, c'est un instant de vie de la même violence, de la même douleur, de la même beauté que tous les autres.

La démonstration est inégale, certes. Souvent niais, parfois stupide, Dave St-Pierre n'évite pas le piège de la facilité. L'image de la femme notamment en prend un sacré coup: soit nympho hystérique, soit nymphette débile, soit victime trahie, soumise, blessée, la femme selon le chorégraphe n'en sort pas grandie. Mais l'air de ne pas y toucher, il instille dans ce show américain (et oui, tout de même!) de grands moments de magie. Des saynètes à peine dansées traduisent l'au-revoir, la séparation, le manque, les retrouvailles éphémères, violentes et crues; un final aquatique rassemble et emboîte les corps, promesse d'un avenir tout à la fois déluré et émouvant.

À la sortie, un ami s'interrogeait: « Faut-il tomber aussi bas pour faire surgir de tels moments de grâce? » La question reste posée. Mais une chose est sûre: pour vivre un moment aussi intense en émotions contradictoires, ça valait la peine de subir l'humour un peu lourd de Dave St-Pierre. Assurément.