Octobre en live : la sélection des concerts à ne pas manquer

Publié Vendredi 26 septembre 2025

Sélection / Sous les voûtes électriques de l'automne lyonnais, les scènes locales s'embrasent d'expériences sonores à la lisière du mystérieux, du tellurique et de l'intime. Des rituels païens aux orages post-hardcore, des incantations gothiques aux dérives cosmiques, chaque soirée promet une traversée singulière, entre vertige sensoriel, intensité physique et quête spirituelle.

Photo : Faun © Athina Parras

Mars red sky

Stoner / L'Épicerie moderne accueille une nuit où l'inframonde sonore et le suprasensible s'unissent dans un choc d'étincelles incandescentes. Le trio bordelais, qui façonne inlassablement une matière sonore puissamment stoner, a déjà offert cinq chapitres d'une œuvre sévère et solennelle, où l'épique psychédélique convoque autant l'imaginaire onirique que la sensualité charnelle. L'écoute de l'univers de Mars red sky s'apparente à une traversée où épaisseur tellurique et élévation mystique se rejoignent dans une transe minérale et lumineuse. Tel un Virgile contemporain, la voix de Julien Pras s'apprête à accompagner le public de l'Épicerie moderne pour une veillée initiatique, aux côtés de Witch Club Satan. FM

Mars red sky et Witch club Satan
Jeudi 2 octobre 2025 à 19h50 à l'Épicerie moderne (Feyzin) ; 7 à 24€


Mahler Symphonie N°6 

Symphonie post-romantique / L'Orchestre National de Lyon poursuit ses pérégrinations parmi le paysage symphonique de Mahler avec la 6e Symphonie dite "Tragique". Tragique car largement autobiographique et évoquant les aspects sombres de la vie et l'angoisse de la mort. Composée en 1903 et 1904, cette œuvre, au final XXL (entre 30 et 40 minutes !), est en elle-même un monde, spectacle autant visuel (pour suivre des yeux les subtilités de la composition) que musical. JED

Mahler Symphonie N°6 
Les 2 et 3 octobre 2025 à l'Auditorium (Lyon 3e) ; de 10 à 54 €


Faun

Paganfolk / Après une saison marquée par les passages envoûtants de Wardruna et Heilung, porteurs des vents glacés et fascinants venus du Nord ayant balayé notre région, c'est au tour de Faun de nous rendre visite en ce début d'automne, refermant ainsi le cercle sacré. Fort d'une discographie où se mêlent sonorités médiévales, accents néofolk et atmosphères féeriques, le collectif mené par Oliver S. Tyr vient de dévoiler Hex, son douzième album studio, inspiré par les héroïnes et les forces féminines qui traversent les traditions. Une œuvre qui prolonge l'élan profond de Faun, imprégné de spiritualité, humanisme et sensibilité écologique, et qui transforme ses concerts en véritables rituels communautaires, traversés de lumières et de sensations régénératrices. FM

Faun et Ye banished privateers et Pettersson & Fredriksson
Vendredi 3 octobre 2025 à 19h à La Rayonne (Villeurbanne) ; 36, 73 à 39, 99€


Penelope Trappes

Gothic ambient / Le dernier opus de la musicienne australienne, A requiem ne dessine pas seulement les contours d'un écrin sonore, mais incarne le véritable accomplissement d'un parcours, une expérience de religiosité totale, dénuée d'artifice. Les nappes nuancées et impalpables traversent non seulement l'écoute mais le corps lui-même, comme si ce dernier était voué à son tour à évoluer vers l'immatériel. La constellation sonore de Penelope Trappes, autrice depuis 2016 d'une discographie solennelle et resplendissante dans sa noirceur, semble faite de la même étoffe que les rêves confus. Des processions en clair-obscur s'y déploient, où ombres et lumières coexistent sans jamais s'annuler, dans un espace où la synthèse des contraires fonde leur possibilité d'existence. FM

Penelope Trappes
Vendredi 3 octobre 2025 à 20h30 à 20h au Sonic (Lyon 5e) ; 10 à 11€


Scylla & Furax Barbarossa 

Rap / La collaboration entre Scylla et Furax Barbarossa a atteint son point d'acmé avec Portes du désert, leur premier album commun. Complémentaires, leurs flows rivalisent de précision et d'excellence pour servir une écriture engagée, entre maîtrise d'images fortes et poésie sans romantisme. Les deux hommes honorent un rap mature et exigeant qui préfère prendre son temps que courir après l'époque. Ils célèbrent un héritage, l'envie sincère de le perpétuer et d'apporter modestement leur pierre à l'édifice. Un grand disque et un classique en puissance. VN

Scylla & Furax Barbarossa 
Dimanche 5 octobre 2025 à 19h au Transbordeur (Villeurbanne) ; 28, 50 €


Obsession

Minimalisme lyrique / À l'Auditorium de Lyon, Simon-Pierre Bestion et son ensemble La Tempête abordent avec Obsession la répétition comme principe générateur, à la fois force hypnotique et vecteur de mémoire. Les architectures spirituelles d'Arvo Pärt (Miserere, Triodion) ouvrent sur un espace de résonances intérieures, où le silence devient matière. En contraste, le minimalisme propulsif de Philip Glass (1000 Airplanes on the Roof) impose une tension cinématographique, quand les Trois Danses de Jehan Alain, magnifiées par l'orchestration, réaffirment une pulsation à la fois introspective et liturgique. L'ensemble s'inscrit dans une scénographie pensée comme installation vivante qui tisse un lien entre mémoire archaïque et perception sensorielle. Plus qu'un concert, une expérience où la réitération se fait rite, entre gravité sacrée et vertige intime. FM
À lire aussi dans Le Petit Bulletin : Arvo Pärt, Philip Glass et Jehan Alain : Odyssée hypnotique

Obsession avec des œuvres d'Arvo Pärt, Philip Glass et Jehan Alain
Mardi 7 octobre 2025 à 20h à l'Auditorium (Lyon 3e) ; de 10 à 44€ 


McLusky

Post hardcore / Vingt ans après avoir balafré les prémices du millénaire grâce à des riffs abrasifs et de saillies acides, le trio gallois a récemment retrouvé le chemin du studio, livrant au monde son nouvel arsenal sonore. The world is still here and so are we n'a rien d'un exercice nostalgique : le disque choisit la charge frontale, violente et percutante, conjuguant aphorismes dadaïstes et satire politique. Si les slogans d'Andy Falkous demeurent irréductibles, la basse de Damien Sayell et la batterie de Jack Egglestone, habitées par la nécessité, martèlent de nouvelles voies saturées de bruit. Un conseil avant la soirée au Marché gare : épuisez vos réserves de calme avant l'orage. FM

McLusky et Quai Bondy
Mercredi 8 octobre 2025 à 20h au Marché gare (Lyon 2e) ; 13 à 17€


Pink turns blue

Post-punk / Depuis plus de trente ans, Pink turns blue prouve que le post-punk n'est pas une relique mais un langage vivant, capable d'aiguiser la perception et d'ébranler l'affect. Son dernier disque Black swan allonge la trajectoire : il submerge, faisant cohabiter ombre et éclat. Sur scène, la gravité devient de ce fait intensité palpable : guitares tranchantes, rythmiques implacables, voix éruptive. Mic Jogwer en constellation avec Paul Richter et Luca Sammuri pulvérisent toute normativité, visant une pure dramaturgie électrique. Rien de mieux que la présence de Rank en première partie pour transformer la dissonance en clairvoyance, la noirceur en incisivité, le chaos en lucidité. FM

Pink turns blue et Rank
Mercredi 15 octobre au Rock n'eat (Lyon 9e) ; 19, 80€


Tangerine dream

Kosmische musik / Au Sucre, Tangerine dream se présente comme une matrice vivante de la modernité sonore. Une décennie après la disparition d'Edgar Froese - dont l'intuition demeure constitutive du projet - le groupe prolonge les célébrations pour le cinquantenaire de Phaedra, œuvre charnière à même de basculer l'imaginaire électronique. Thorsten Quaeschning, Hoshiko Yamane et Paul Frick déploient aujourd'hui un langage organique où le motif répétitif, loin d'être mécanique, devient principe vital, presque respiratoire. L'expérience du live n'est ni commémoration figée ni nostalgie, mais s'approche d'un geste archétypal : revisiter la mémoire en la projetant vers d'autres horizons. À l'instar de leurs récentes prestations, ce concert promet une dialectique entre archives réactivées et inventions surgies, entre classicisme séquentiel et improvisations labyrinthiques. FM

Tangerine dream
Jeudi 16 octobre au Sucre (Lyon 2e) ; 28€


Surprise

Rap / Depuis Angèle et Pomme, Surprise se raconte avec une insolence sans filtre et une absence d'inhibition. Elle nous plonge, éperdument et frénétiquement, dans l'esprit d'une jeune femme d'aujourd'hui confrontée à d'incessantes injonctions. Ses textes crus et viscéraux bousculent des productions planantes pour mieux affirmer un précieux désir d'indépendance et de liberté. Si y'a un monde,  son dernier EP en date, s'impose comme l'exécution la plus aboutie d'une proposition au confluent du rap post-SoundCloud et de la nouvelle pop. VN

Surprise 
Vendredi 17 octobre 2025 à 20h à Bizarre ! (Vénissieux) ; de 5 à 18 €


The necks

Au-delà du jazz et de l'avant-garde / Depuis 1987, le trio australien explore les confins du sonore comme d'autres sondent un territoire. Chris Abrahams, Tony Buck et Lloyd Swanton bâtissent chaque rencontre sur un fil ténu, comme une intuition partagée qui se déploie jusqu'à faire naître l'inattendu. Chez eux, l'instant devient matière, le temps s'infléchit, s'abandonne à de lentes mutations. Les motifs surgissent, se dissipent, reviennent, et c'est dans ce flux organique qu'apparaît une sublime forme d'empathie esthétique : la sensation d'assister à une pensée collective en train de se révéler. Ni jazz au sens strict, ni musique de chambre, leur art convoque le mystère, une écoute qui respire et qui surprend. Chaque note, chaque battement, chaque silence, tisse une architecture sensible, fragile et pourtant monumentale. Au Périscope, leur venue promet l'émergence de l'inouï au cœur même d'un présent ardu. FM

The necks
Mardi 21 octobre 2025 10/2025 au Périscope (Lyon 2 e) ; de 8 à 18€


Paradise lost

Gothic metal / Monument incontestable du metal aux textures sombres, le groupe anglais continue d'imposer une puissance expressive et une maîtrise inébranlable. Si la période plus électronique (One second, Host, Believe in nothing) appartient heureusement au passé, Paradise lost a su en tirer des leçons pour explorer sans s'égarer, retrouvant peu à peu la ferveur de ses origines. Depuis Medusa en 2017, le quintet d'Halifax nous livre des albums massifs, véritables fusions de doom et de gothique, capables d'écraser par leur densité tout en émouvant par des passages plus lyriques et chargés d'intensité. Leur dix-septième opus, Ascension, s'inscrit dans cette continuité, entre lourdeur monumentale et élégance mélancolique. FM

Paradise lost et Messa et Lacrimas profundere
Mardi 21 octobre à 19h30 à La Rayonne (Villeurbanne) ; 30, 70 à 32, 80€


La jeune fille et la mort 

La jeune fille et la mort est l'une des œuvres les plus connues de Schubert et, à nos oreilles, l'une des plus poignantes. À partir d'un lied composé sept ans plus tôt, ce quatorzième quatuor à cordes n'est ni plus ni moins qu'une lutte (dont l'issue est connue) entre la vie et la mort. Lors de son écriture, Schubert a vingt-sept ans, il se sait condamné par une syphilis, et intensifie d'autant plus sa créativité. Le programme des musiciens de l'ONL sera complété par le 15ᵉ quatuor à cordes de Mozart. JED

La jeune fille et la mort 
Le 21 octobre 2025 à l'Auditorium (Lyon 3e) ; de 10 à 19 €


Kae Tempest

Spoken word / Avec Self titled, Kae Tempest livre une œuvre conjuguant densité poétique et pulsations minimales, révélant une tension rare entre dépouillement et intensité. Artiste qui refuse depuis toujours de séparer corps et mots, intime et politique, musique et poésie, Kae Tempest sait faire résonner chaque vers, porté par une scansion presque oraculaire, dans un espace où la fragilité s'inscrit comme puissance critique. Les blessures sociales et intimes s'entrelacent indissolublement dans ses lettres d'amour, devenant instrument de dévoilement. De ce fait, l'exploration de son identité nouvelle ne s'apparente pas à une revendication assertive, mais dévient une carte sensible du monde, souffle audacieux où la vulnérabilité forge la résistance. FM

Kae Tempest et Jacob Alone
Jeudi 23 octobre 2025 au Transbordeur (Villeurbanne) ; de 28, 06 à 30€


Brìghde Chaimbeul

Explorations celtiques hypnotiques / Dans les bras de Brìghde Chaimbeul, un instrument ancestral peut devenir vecteur de contemporanéité radicale : transposant la brume des Highlands en transe chromatique pendant ses live, la musicienne écossaise transforme les smallpipes en véritable matrice créative. Les nappes sonores se font ainsi spirales vertigineuses ourdies de vibrations, traçant des parcours où la tradition et l'expérimentation ne font plus qu'un, montrant à la fois l'inépuisable modernité du folklore et la richesse d'une contemporanéité explorative. FM

Brìghde Chaimbeul
Vendredi 24 octobre 2025 à 21h au Périscope (Lyon 2e) ; 8 à 14€


Sunn O)))

Drone / Six ans après son premier passage en terre lyonnaise, la conspiration bourdonnante de Stephen O'Malley et Greg Anderson est de retour, dans une configuration brute et essentielle : le Shoshin duo. Sans artifices, juste deux guitares, un mur d'amplis et l'art de sculpter le temps par des nappes de saturation. Inscrite dans la nouvelle programmation annuelle des concerts spéciaux de Nuits sonores, la soirée s'annonce comme une descente sépulcrale et rituelle dans l'abîme sonore dont seulement les visionnaires occultes originaires de Seattle possèdent le secret. Une expérience physique de minimalisme maximaliste à ressentir intensément, jusque dans la chair. FM

Sunn O)))
Jeudi 30 octobre 2025 à 18h30 au Sucre (Lyon 2e) ; 28€