Pina Bausch
J'avais la nette impression d'être devant une grande pièce. Quelque chose de connu, reconnu; un travail rôdé, huilé, net et précis. Mais je ne suis pas rentrée dedans. Je me suis ennuyée devant le dernier Pina Bausch... Dur.
Kontakthof est une pièce très longue (trois heures tout de même), et très lente. Ici, pas de rythme, pas de crescendo, pas d'apothéose finale. Ça ressemblait étrangement aux passages descriptifs des bouquins inbuvables qu'on nous oblige à étudier au lycée. Une narration pauvre, sans thème, sans lien, sans fil rouge. Le contact? L'humain? Bof. Si tous les humains étaient aussi fades et absents que les danseurs de Pina Bausch, on s'ennuierait bien vite sur Terre. Je n'ai ressenti aucune fragilité, aucune violence, aucune exaltation devant cette pièce. Or n'est-ce pas là qu'est précisément l'humain? Dans ses failles, dans ses erreurs, dans ses urgences aussi?
Alors j'ai beaucoup ri. Je suis très sensible à l'humour absurde alors là, j'ai été servie. Le coup de la poupée gonflable qui s'envole en pleine diagonale de portés, Pina, c'était du lourd. Mais je ne suis pas sûre que le propos était de me faire rire... Mais là encore, le propos, quel propos?
Pourquoi raconter l'humain en utilisant les mêmes stéréotypes que les pires séries B? Dans Kontakthof, il y a la grosse, l'anorexique, la nympho, la dominatrice, la timide, l'intello. Il y a le beau gosse, le puceau, le petit rigolo. Beurk!
La seule chose que j'ai trouvé intéressante, c'était la plaquette du spectacle. Car cette pièce, on l'oublierait presque, est montée avec 26 danseurs âgés de 15 à 18 ans. Des adolescents. Et c'est peut-être là que le propos sur le « contact » fait sens, justement. Lorsque Jacqueline, un des rôles principaux, explique par exemple: « Les scènes où l'on doit se toucher, entre filles ou entre filles et garçons, tout le monde a eu du mal ». C'est ce travail en amont qui fait sens, finalement; cette timidité, cette inhibition qu'il a fallu vaincre, dépasser.
Dommage que l'on ne sente rien de tout ça sur scène.