The Holloys en concert à la Bobine
Les Holloys étaient en concert à la Bobine jeudi soir. Le groupe a tour à tour enthousiasmé et frustré.
Des Holloys on ne connaissait que peu de choses avant cette prestation de jeudi. De l'énergie en veux-tu en voilà, des collaborations avec des phénomènes comme Mars Volta, Red Hot Chili Peppers ou Breeders et une inspiration Post-Punk Afrobeat, voilà grosso modo, ce qu'on nous en avait dit. On s'attendait donc quoi qu'il arrive à un son péchu, ce qu'un exubérant homme-kangourou jaune résumait dans un bond par ces mots: « On va en prendre plein la gueule! ».
Et s'il y a bien un truc qu'on ne peut pas enlever aux Holloys c'est une certaine idée de la patate. Avec deux basses à la manœuvre, le groupe déroule un son volumineux qui redonne un sens au mot « ampli ». Hyperprésente, mais tout en rondeur, la percussion joue à fond son rôle et justifie pleinement la réputation afro-beat des californiens. Le titre éponyme des Holloys prend ainsi de furieux airs d'Under My Thumb, et on n'est pas loin d'entendre le style caractéristique de Charlie Watts. Du coup on est bien obligés de constater que nos jambes prennent leur indépendance pour mieux marquer le tempo.
C'est le moment que choisit Jim Brown pour se distinguer. Le chanteur ne manque pas de voix , et son groupe lui doit beaucoup question énergie. Pourtant on ne peut pas s'empêcher de se demander ce qu'il aurait donné sans ce foutu vocoder qui évoque plus Goldorak qu'un son humain. Il y certes de bonnes surprises, comme lorsque le son plus saturé d'un morceau entraîne le chanteur sur les traces de Lennon version Cold Turkey. Mais si distordre la voix est un petit jeu amusant, en désincarnant les parties vocales qu'il prive d'un timbre véridique, l'effet sonore creuse un fossé avec la salle, entretient une distance. Alors, les 5 musiciens, peut-être refroidis de ne pas voir le public plus nombreux et plus démonstratif, paraissent déjà ailleurs. Une fois le job fait , et certes bien fait, ils s'en vont sans rappel et sur un sobre « It's all the song we have, thank you » et nous laissent sur notre faim.