Rolling Stones, Janus et cinéma
France 5 diffuse jeudi soir, Stones in Exile, docu inédit consacré aux Rolling Stones et dévoilé lors de la Quinzaine des réalisateurs de Cannes.
Depuis 1968 et la sortie du One plus One de Godard, autrement connu sous le nom de Sympathy for the Devil, Les Rolling Stones n'ont cessé de confirmer sur écran qu'ils sont un objet filmique bien identifié. En cela, il n'ont pas grand chose à envier à leurs coreligionnaires du Swinging London, The Beatles. On a assez commenté la disparition de Brian Jones en 1969, leader originel et génie incompris du groupe, dont la perte aurait fait entrer les Stones dans l'ère du merchandising sous l'autorité d'un Mick Jagger sans scrupules. Ce postulat étayé par les dérives commerciales du groupe, en témoigne l'hagiographique Shine a light de Martin Scorcese, ne doit pas faire oublier néanmoins les difficultés rencontrées par les Stones durant des années soixante-dix qui furent pour beaucoup d'autres groupes un long chemin de croix. Les Beatles eux-même ne rendaient-ils pas leur tablier dès 1969 ? Aujourd'hui encore Gimme Shelter témoigne du Woodstock à l'envers que fut le concert d'Altamont lors duquel un fan fut tué par les Hells Angels censés assurer la sécurité. Dans un autre genre, le sulfureux film Cocksucker Blues, chronique interdite de la tournée US d' Exile on Main Street, fait la synthèse de ces deux visages : d'un côté un groupe à la musique et aux mœurs rock' n roll, de l'autre une communication de plus en plus cadenassée qui ouvre l'ère des Best-Offs et autres tournées à fric. Or voici que passe sur France 5 un doc inédit sur l'enregistrement, à Villefranche-sur-Mer, du fameux Exile on Main Street. Un film situé à une période charnière, réalisé par Stephen Kijak et basé sur des rushs de Cocksucker Blues mais aussi sur les photos, qu'on dit superbes, prises dans l'intimité du groupe. Celui-ci, victime d'une arnaque, échappait alors au fisc anglais sur le sol hexagonal.
Quentin Pourbaix
Stones in Exile Jeudi 10, 20h35 sur France 5