Moments de pause à Championnet

Publié Vendredi 18 juin 2010

Il est des règles qui devraient être plus systématiquement respectées, comme celle, par exemple, de ne pas attendre du public qu'il montre du respect pour une œuvre si cette dernière n'est pas présentée avec cette même substance chimique élémentaire. Ainsi, à ceux qui crient au scandale devant le constat que d'aucuns déchirent et arrachent ces pauvres impressions des murs, nous avons envie de répondre que le consensuel n'a jamais grandi l'esprit de personne, et que cet acte a priori irrespectueux ne l'est pas dans cette situation précise. Il pourrait même être au contraire un cri de rage en faveur du respect des œuvres. Parce que les photos d'Angei sont réellement sympathiques - fruit d'une connivence avec le sujet photographié, d'une tendresse et d'une curiosité à son égard naturelles et jolies à voir - elles méritent un autre traitement que celui d'une impression papier noir et blanc absolument dégueulasse. Attention, potentiel esthétique en pleine noyade : l'affichage finit de couler le tout. Ce qui aurait pu être l'occasion d'un regard n'est qu'une calamité. Le passant ne mérite-t-il pas de poser ses yeux sur de la qualité ? Certes, la pluie incessante n'aura rien arrangé en soulignant de son venin la fragilité amère de ce cirque de rue. M'est pourtant avis que, même en plein soleil, mon effarement n'aurait pas été bien moindre...