Cinéma : l'été meurtrier

Publié Jeudi 11 août 2011

Entre les films français nombrilistes et les blockbusters américains, point de salut cet été pour l’amateur de cinéma ? Si ! Une troisième voie passe par l’Iran, la Scandinavie et l’Asie…

Durant l’été, l’abondance de films disponibles en salles n’est pas forcément synonyme d’une grande qualité. Malgré la complicité d’une météo pourrie en juillet, peu de films en effet donnent vraiment envie de se précipiter au cinéma entre juillet et août…

Nombrils tricolores contre tiroir-caisse made in USA Côté français, la tendance serait plutôt aux fonds de tiroirs avec des films assez nombrilistes à l’image de “L’art de séduire”, plutôt décevant malgré une bande-annonce efficace, ou ennuyeux à mourir comme “Un amour de jeunesse“ ou encore "Comme ils dansent". Seule exception notoire : “Ni à vendre, ni à louer”, qui séduit avec son enchaînement de saynètes rigolotes dépourvues de dialogue et au casting impeccable. Pas de quoi cependant risquer de se fêler une côte… On sourit, sans plus, mais c'est déjà ça. 

Supers héros, supers nanars De l’autre côté de l’océan atlantique, le cinéma est avant tout un business ; donc en avant les “blockbusters” avec des grosses machines à fric dont les bandes-annonces seraient presque comiques tant elles sont navrantes de surenchère dans la démesure pyrotechnique. Des exemples ? “Captain America, first avenger”, “Green Lantern” et j’en passe. Et dire que ces “nanars” risquent de générer des millions de dollars de recettes, ça fait frémir… Heureusement, le “Super 8” de Steven Spielberg et J.J Abrams sauve l’honneur du drapeau étoilé avec ce film haletant et spectaculaire… jusqu’à la fin de son générique ! Donnez à Spielberg une bande de gamins et un extra-terrestre loin de chez lui et il vous emmène très haut dans les étoiles… Comme au début des années 1980 avec un certain E.T. Total respect, quoi qu'en disent certains. Pour sa part, "La planète des singes, les origines" reste un divertissement honnête, quoiqu'un peu longuet. Si la dernière scène pourrait laisser penser qu'une suite est d'ores et déjà prévue, en cas de succès commercial bien sûr, les scénaristes ont intérêt à se shooter au LZ-112 pour alimenter le scénario… Bon courage ! 

Troisième voie, la preuve par trois Entre ces deux conceptions opposées du septième art, la franchouillarde neurasthénique et le marketing à la sauce "Oncle Sam", une troisième voie mérite qu’on s’y intéresse. Tout d'abord, le succès probant du film iranien “Une séparation” restera dans doute comme LA bonne surprise de cet été 2011. À travers l’histoire de deux familles plongées dans une spirale infernale, voilà une œuvre qui touche tout en montrant les dérives d’une société soumise au poids de la religion et du regard des autres. Ici, pas d'effets spéciaux, ni de 3D, pas de vedettes internationales, juste du grand cinéma, justement récompensé à Berlin. Ce film est toujours à l’affiche, courez le voir avant qu’il ne soit trop tard ! Ensuite, si on m‘avait dit un jour que j’irai voir un film scandinave en version originale, je ne l’aurais pas cru. Et pourtant… Rafraîchissant à souhait, “Happy, happy” retient l’attention avec son humour grinçant et un regard corrosif sur le couple. Quand le vernis des bonnes relations entre nouveaux voisins craque, quel grabuge dans les chaumières !

Mortelles randonnées en Corée Troisième et dernière escale cinématrographique : la Corée avec “The Murderer”. Attention, ici, on ne rigole plus, on assiste à une boucherie incroyable, parfois teintée d'humour à forte teneur en hémoglobine, dans laquelle un chauffeur de taxi misérable et endetté se retrouve pourchassé à la fois par deux bandes rivales sanguinaires et la police. Malgré des blessures toujours plus graves, les personnages continuent pourtant de se massacrer à grands coups de couteaux de cuisine, de haches, de nerfs de boeufs, de voitures béliers. Ce ne sont presque plus des hommes, mais des animaux redevenus des tueurs instinctifs. Brrr. Privé du moindre répit, le spectateur suit ce drame au rythme du “héros” : à 150 km/h. Impressionnant… surtout pendant 2h20 ! Et tout ça pour quoi, hein ? Parce que le professeur a… Non mais vous ne croyez quand même pas que je vais vendre la mèche, non ? (^_^) Z’avez qu’à aller voir ce film étrange et ultra-violent (et logiquement interdit aux moins de 12 ans). Âmes sensibles, passez votre chemin… mais dommage pour vous, vous ratez ainsi une sacrée dose d’adrénaline “pure”.

Vivement la rentrée ! Allez, encore deux grosses semaines à tenir avant la rentrée de septembre et son florilège de films qui, eux, sont très attendus. C'est le cas notamment du dernier Nanni Moretti, “Habemus Papam”, avec Michel Piccoli dans le rôle d’un pape désorienté, ou encore “Le chat potté” des studios Dreamworks, sans oublier le nouveau Pedro Almovodar ou encore "La Guerre des boutons". De quoi nous redonner envie de nous précipiter dans les salles obscures. D’ici là,… à vous de voir ! 

© Bruno Sleepless  - PS : cette chronique ne tient pas compte des films jeune public, non vus encore à ce jour (Les contes de la nuit, Cars 2, les Schtroupmfs, etc.).