"Black and White America", 9e album de Lenny Kravitz
Entre chansons calibrées pour devenir des tubes et morceaux plus “expérimentaux”, le nouvel album de Lenny Kravitz montre différentes facettes de ce musicien talentueux. La critique et même les fans sont divisés, mais l’efficacité du chanteur new-yorkais est au rendez-vous. Comme d’habitude…
Sorti le 22 août dernier (chez Road Runners, ndlr), “Black and White America”, le 9e album studio de Lenny Kravitz, risque de donner encore du grain à moudre à tous ceux qui reprochent au chanteur new-yorkais de trop s’inspirer des prestigieux artistes qui l’ont précédé : John Lennon pour les textes, Jimmy Hendrix pour les riffs de guitares, et j’en passe. À vrai dire, difficile de leur donner tort compte-tenu des références évidentes à James Brown ou Marvin Gaye en écoutant certains titres comme “Life Ain't Ever Been Better Than It Is Now” ou encore“Liquid Jésus”. Sauf que Lenny ne copie pas outrageusement ces illustres artistes noirs américains, mais leur fait un clin d’œil appuyé - et avec talent ! - à travers sa propre musique. Nuance. Son but : donner une vision personnelle de ce pays aux multiples contrastes, où tout est possible… pour le pire et le meilleur, la promotion sociale, le racisme, la violence, etc. Résultat, la plupart des compositions séduisent par les nombreuses qualités du style Kravitz bien connues depuis ses débuts, en 1989. Lesquelles ? La force des mélodies, ses textes évoquant aussi bien l’Amour que les travers de notre société, sans oublier les excellents musiciens qui accompagnent Lenny ! Avec Craig Ross, “guitar hero” strastosphérique, et une section cuivre de toute beauté, composée entre autres d’Harrold Todd et de Trombone Shorty, voilà qui promet de sacrés frissons pendant la prochaine tournée…
Des tubes potentiels aux expériences surprenantes Très attendu depuis le précédent opus, fin 2008, “Black and White America” alterne donc de nombreuses chansons calibrées pour devenir des tubes, qu’il s’agisse de morceaux rock survitaminés (“Come on and Get it”, nouvel hymne officiel de la NBA, ndlr), des balades funky (“Superlove”) ou des slows renversants (Dream”). D’autres méritent également l’attention : “Stand”, “I Can't Be Without You” ou encore “Everything”. Là, il n’y a rien à redire, la production est soignée et le travail d’orfèvre est indéniable. Kravitz n’a pas passé ces deux dernières années dans ses studios entre Paris et les Bahamas pour rien. On peut en revanche s’interroger sur d’autres titres, moins inspirés de prime abord, comme “In the Black”, “Boongie Drop” ou encore “Sunflower”. Le premier ne convainc pas franchement (trop répétitif, sans éclat) tandis que les deux autres – fruits d’une collaboration avec Jay Z, DJ Military et Drake - évoquent un trip hip-hop dans lequel Kravitz ne semble pas très à l’aise. À travers cette ouverture à d’autres genres, Kravitz montre néanmoins son envie d’explorer de nouvelles pistes et qu’il ne se contentera pas d’utiliser toujours les mêmes ficelles. Au fil des ans, il continuera donc d’ajouter des cordes à son arc après le rock, la musique pop, le blues, le funk… Qui s’en plaindra ? Pas moi !
Des réactions contrastées L’accueil réservé à ce nouvel album traduit une grande diversité de points de vue… dans les deux sens, tant chez les journalistes que chez les fans. Du coup de foudre au rejet total de certaines chansons, il y en a pour tous les gouts. Il suffit de naviguer sur les pages du forum officiel français, www.lennykravitzonline.fr pour s’en rendre compte. Rares sont les “French Boarders” à apprécier “Boogie Drop”… Même son de cloche chez les medias français ou internationaux dont on connaît la regrettable manie de coller des étiquettes indélébiles, notamment aux artistes. Vous avez dit “résistance au changement ?” (^_^). Pour autant, l’album était en tête des téléchargements sur les plateformes légales d’une grande partie des pays européens au bout de quelques heures…
Rendez-vous à Lyon le 28 novembre Après trois ans de patience, le public de Kravitz a enfin quelque chose à se mettre entre les oreilles et nul doute qu’il faudra plus que deux ou trois titres un peu déconcertants pour gâcher son plaisir. De toute façon, les fans ont déjà un nouveau rendez-vous qui se profile à l’horizon : Lenny Kravitz entamera en effet une tournée européenne dès l’automne prochain. Pour savoir ce que donneront les nouvelles chansons de “Black and White America” sur scène, rendez-vous le lundi 28 novembre à la halle Tony-Garnier de Lyon, à 20h30… “Are you gonna go my way” ? Bien sûr ! “Always on the run !”.
© Bruno Sleepless