Thomas Dutronc aux Nuits de Fourvière : Lyon, capitale de la frite... et du bordel

Thomas Dutronc aux Nuits de Fourvière : Lyon, capitale de la frite et du bordel
Place forte de la gastronomie, de la Résistance, et de bien d'autres choses encore, Lyon a gagné, le temps d'une soirée, une nouvelle distinction : être la capitale de la frite grâce au passage de Thomas Dutronc au festival des Nuits de Fourvière. Retour au théâtre antique où le public lyonnais a rugi de plaisir...
Comment ne pas avoir la patate en sortant d'un concert de Thomas Dutronc ? Les 4000 spectateurs du théâtre antique de Lyon auront bien du mal à répondre à cette question saugrenue tant ce concert du lundi 16 juillet fut enthousiasmant et savouré tout au long des seize chansons interprétées, de "Turlututu", fantastique entame pleine de punch, aux "Yeux noirs", et son incroyable final instrumental.
Une recette cinq étoiles À table ! Tous les ingrédients étaient réunis en effet pour savourer ce concert classé cinq étoiles : une belle dose d'énergie et de virtuosité dans l'interprétation des seize chansons d'hier et d'aujourd'hui (un mix des deux albums de Dutronc fils), une pincée d'humour servie très frais entre deux tubes, mais aussi un savant cocktail d'ambiances tantôt rock, nostalgique, manouche ou romantique. Mélangez le tout dans un théâtre antique plein comme un œuf et chaud bouillant, servez lors d'une belle soirée d'été à la belle étoile et voilà le travail !
Une batterie de musiciens au diapason Sans donner sa part aux chiens, le Chef Dutronc n'était pas le seul à s'activer derrière les fourneaux : sa batterie d'excellents musiciens était au diapason, sachant réagir au quart de tour à la moindre commande du maestro, jouer avec le public ou servir un solo mémorable. Des cinq guitaristes (!) au batteur, sans oublier le violoniste Pierre Blanchard, il y en avait pour tous les goûts. Et chacun eut droit ainsi à sa part légitime de lumières. Quoi de plus normal dans la ville qui leur consacre tout un festival début décembre...
Un appétit d'ogre Face à une "cuisine" si riche, goûtue et généreuse, l'appétit vient en mangeant ou plutôt en écoutant les chansons les unes après les autres au point de transformer le public en ogre réclamant telle ou telle balade ou twist. Aucune indigestion possible face à l'orgie d'accords plaqués sur une guitare sèche, folk ou électrique ; le seul écoeurement pour le spectateur réside en fait dans l'apparente facilité avec laquelle tous ces artistes s'expriment à travers leurs instruments : doigts élastiques capables de toutes les acrobaties d'un bout à l'autre de la gamme, sens du tempo, etc. Mais combien d'heures de répétition a-t-il fallu pour atteindre une telle maîtrise des mouvements sur ces cordes, parfois raides ? Mieux vaut l'ignorer... et continuer de savourer les yeux - et surtout les oreilles ! - grand ouverts.
Joyeux bordel Dans quelle autre ville que Lyon Thomas Dutronc pouvait-il lancer son désormais célèbre appel à la "bonne bouffe bien grasse" ? Bon, n'ayant jamais raffolé des grattons, tablier de sapeurs et autres "réjouissances culinaires" typiques entre Saône et Rhône, je valide en revanche l'envie de me taper "un bon gros steack avec des frites, bordel" ! En écho à une chanson de son tout premier album... Sauf qu'au lieu d'aller dans un banal et triste lieu de restauration rapide, je privilégierai la méthode artisanale en écoutant en boucle les deux opus de Thomas, "Comme un manouche sans guitare" et "Silence, on tourne"... Silence, on tourne ? Non, on écoute, on savoure et on dit encore une fois merci pour cette belle soirée de festin musical.
Tradition oblige, le concert s'est achevé dans un joyeux "bordel" avec l'incontournable pluie de cousins sponsorisés jetés dans le ciel pour atterrir sur la scène à la grande "surprise" des artistes (mouais, comme si personne ne le savait depuis que cette pratique est à la mode... ^_^). Il n'empêche, la magie de l'instant fonctionne toujours autant : le public se lâche enfin complètement et certains artistes les imitent, à l'image du batteur de Dutronc parti en vol plané dans les cousins lyonnais...
Le bonheur, c'est parfois simple : de la bonne musique, un ciel étoilé et on repart chez soi avec une sacrée frite...
© Bruno Sleepless
PS : Spéciale dédicace à Tina et Lucien, deux fringants membres du forum de Thomas Dutronc * avec qui j'ai eu le plaisir de partager cette délicieuse soirée.
Plus d'infos, de photos et quelques vidéos sur : http://thomas-dutronc.xooit.com/t1087-2012-Nuits-de-Fourviere-juillet.htm#p25537
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