Couvre-chefs : diversité culturelle en danger ?

Publié Jeudi 13 septembre 2012

Ludovic nous fait visiter l'exposition "Voyage dans ma tête", au Musée dauphinois. L'occasion de se questionner autour de la notion de culture.

« Voyage dans ma tête » est une exposition proposée par le Musée dauphinois jusqu’au 17 juillet. Elle présente une collection de coiffes ethniques réunies par Antoine de Galbert, un nom familier pour certains grenoblois. Cet homme au regard aiguisé sur l’art contemporain a été galeriste rue Voltaire. Aujourd’hui, il vit à Paris et a créé La Maison rouge, un lieu qui accueille de nombreux artistes contemporains (1).

Au regard de son parcours, la collection de coiffes d’Antoine de Galbert provoque de nombreux questionnements. Est-elle une collection esthétique, ethnographique, un artefact de la petite ou de la grande histoire de ces peuples ? Pourquoi n’y a-t-il pas de coiffe européenne dans cette collection ? L’exposition souligne-t-elle un certain appauvrissement culturel comme l’exprime le Musée dauphinois ?

Une collection esthétique

Précisons que cette collection n’est pas présentée ici dans son intégralité. Seulement un tiers des 500 pièces est exposé, toutes provenant de pays occidentaux. Et oui, ceux qui imaginent Antoine de Galbert visitant les pays du monde entier à la recherche de ces trésors se trompent. Il les a cherchés oui, mais chez des antiquaires ou dans des brocantes… A Paris, Bruxelles… Il n’est pas ici affaire de pièces ethnographiques mais bien d’une collection réunie pour des raisons esthétiques, ce qui n’ôte rien à sa valeur, bien au contraire.

Dans l’exposition, une interview de cet amateur de couvre-chefs propose une réflexion sur la notion de collection. Pour lui, le collectionneur est un obsédé qui frôle la maladie. C’est quelqu’un qui achète au-delà de la capacité d’accrochage offerte par son intérieur. Il n’est pas possible de vivre avec une collection. A terme, le plaisir se transforme en gestion de stock. Certaines pièces peuvent l’enrichir et d’autres être vendues pour en acquérir de nouvelles. La collection est quelque chose de vivant ; c’est la trace du regard d’un homme sur un groupe d’objets. Pour la petite histoire, Antoine a débuté sa collection à Grenoble avec des amis amateurs d’art primitif et une première coiffe ornée de plumes.

Regard ethnographique porté par le Musée dauphinois

Cette exposition est née de la rencontre du collectionneur et d’Olivier Cogne, directeur du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère. Pour le Musée dauphinois, il n’était pas question de présenter ces objets uniquement d’un point de vue esthétique. Le regard de « l’ethnographe » était convié. Dès l’entrée de l’exposition le ton est d’ailleurs donné : « Ces 160 couvre-chefs témoignent de pratiques, d’usages et de rituels sociaux, religieux, ethniques » qui sont documentés. De nombreuses images, des films mettent en scène leurs fonctionnalités dans les diverses sociétés du monde. Pour la majeure partie, ces coiffes étaient ou sont toujours utilisées lors de rites de passage : maturité sexuelle, mariage, décès… Seules dans une vitrine, elles ne signifient rien, elles sont mortes mais lors de ces évènements elles « dansent », font du bruit …

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>> Note :

  1. Pour ne citer que lui, Christian Boltanski y a présenté du 14 septembre au 5 octobre 2008, son exposition, « Les archives du cœur ». Il s’agissait en partie de créer une collection de battements de cœur avec les visiteurs. Battements symboliques d’une petite histoire, celle de chacun, et non d’une histoire écrite dans les livres, la grande histoire !

>> Source : article initialement écrit par Ludovic Maggioni et publié sur Echosciences Grenoble

>> Illustrations : Etienne Pottier pour le Musée dauphinois et Ludovic Maggioni