Du Canada à Hiroshima

Publié Vendredi 2 novembre 2012

En attendant le festival du film court de Villeurbanne - épisode 1

En regardant la programmation de la longue nuit du festival du film court de Villeurbanne, intitulée « La Dernière Longue Nuit avant l'Apocalypse », on se dit que les programmateurs ont dû prendre un grand plaisir à en composer le menu.

On y trouve une alternance de styles et de formats différents, avec une prédominance de films frapadingues, de nanars assumés et de films jouissifs. Idéal pour tenir toute une nuit !

On ne peut néanmoins s'empêcher de remarquer qu'ils ont prévu de commencer et de terminer cette nuit (si l'ordre des films projetés respecte celui indiqué sur leur site internet) par deux chefs d'œuvre du court métrage. On notera aussi que ces deux chefs d'œuvre ont été réalisés par deux grands réalisateurs de court métrage.

La nuit commencera ainsi par un film de 1952, « Les voisins » de Norman Mac Laren. Il s'agit probablement de son film le plus connu, et qui lui valut de remporter un Oscar. Ce film est encore aujourd'hui d'une belle modernité. Tourné en partie en pixilation, soit un procédé d'animation image par image, il raconte l'affrontement de deux voisins dont la tranquille cohabitation est troublée par une broutille.

25 ans après sa mort, Norman Mac Laren reste une des figures clés du cinéma d'animation, dont la carrière est largement associée à l'ONF, l'Office National du Film canadien, qui a produit un grand nombre d'excellents films, notamment dans le domaine de l'animation.

 

A l'autre bout de la nuit, on retrouvera « Nijuman no borei », ou « 200 000 fantômes » en français, de Jean-Gabriel Périot, une réflexion envoutante sur l'après Hiroshima.

Là encore, on est dans une animation image par image, mais dans une approche complètement différente, et bien caractéristique du travail de Jean-Gabriel Périot.

Ce film fait partie de ces courts rares où le geste cinématographique se créée à partir de l'assemblage sensible d'éléments divers (ici des photos). On est donc ici plutôt dans le found footage : le film est basé sur une série d'images fixes d'Hiroshima avant, « pendant» et après la bombe. Comme dans nombre de ses films, Jean-Gabriel Périot interroge notre perception et notre présent à travers les traces de l'Histoire.

Belle façon de conclure une dernière nuit avant l'Apocalypse.