LES INVISIBLES
Ce sont des personnalités diverses, de prime abord bien différentes... Socialement, culturellement, psychologiquement enfin.

Qu'y a t-il de commun entre le petit bonhomme de la campagne qui fait brouter ses chèvres et nous explique tout de go, que le bouc se frotte et se suce, quand il n'a rien à se mettre sous la dent (si l'on peut dire), et le fils d'une grande famille bourgeoise catholique qui attendra la trentaine (!) avant d'accepter cette vie amoureuse différente, et ces penchants qui lui font honte.
Les Invisibles, filmés par Sébastien Lifshitz, auront tous mûrement réfléchi à la question. Sans doute parce que pendant de longues années, ils ont vécu un peu hors champ, certains moins que d'autres d'ailleurs, qui, comme Thérèse, ont d'abord rempli le pacte social du mariage et des enfants. A chaque individu, un destin différent. Mais en marge donc, ce qui offre parfois une liberté folle.
Il y a d'abord une réelle jouissance à entendre ces héros ordinaires aux cheveux gris-blancs parler d'amour et puis de fesse de façon magistrale, mais aussi complètement spontanée : « J'ai toujours aimé les hommes plus âgés, nous confie l'un, quand je vois des cheveux blancs, je flashe ! », ou Thérèse encore qui évoque cette fabuleuse allemande totalement extraordinaire, et puis au fond, comment dire... «fatigante»... Toujours attirée plus ou moins par les fous, nous confie-t-elle, et qu'en est-il, pense-t-on avec elle, de l'amour quand l'âge se fait prégnant ?
Une magnifique leçon d'humanité en somme, qui nous laisse méditer sur l'immense période réactionnaire, sorte de fin de civilisation ou chute d'Athènes, aux choix, que nous vivons actuellement.