Hakanaï, une danse incarnée de l'évanescence

Hakanaï s'inscrit à la frontière des arts numériques, plastiques et chorégraphiques et nous invite à un voyage onirique grâce à la belle présence de la danseuse Akiko Kajihara. La sensibilité de l'instant n'est jamais sacrifiée sur l'autel de la technique.
Troubadour des temps numériques, Adrien Mondot a élargi sa palette artistique avec l'apport de la plasticienne Claire Bardainne [ndlr : voir leur site internet]. Ensemble ils ont créé l’exposition XYZT Les Paysages abstraits au CCSTI dans le cadre des Rencontres-i, Biennale Arts-Sciences à l’automne 2011. Une exposition interactive mettant en jeu le corps du visiteur sur le fil poétique de l'évanescence. Le parcours se terminait par un module contemplatif sous la forme d'un espace cubique en tulle blanc avec un dispositif de quatre vidéos synchronisées.
L’installation plastique libérait l’image de son écran et donnait à sentir la présence des mouvements de l'air grâce à la projection de lettres mouvantes dans les six directions. Elle rendait ainsi visible l'invisible en offrant un bain immersif au visiteur. « Lors de l’inauguration, nous rêvions de la voir habiter par une danseuse », confient les artistes. Un an plus tard, le rêve est devenu réalité au salon Experimenta 2012 avec une étape de travail d’Hakanaï. Une performance chorégraphique d’Akiko Kajihara nourrie par trois restitutions publiques. La version aboutie germera au printemps 2013 à Rennes pour le festival Champs Libres.
Polysémie linguistique, spatiale et chorégraphique
Hakanaï, le nom même suscite notre imaginaire. Polysémique, le terme japonais renvoie à ce qui est fragile, évanescent, transitoire, entre le rêve et la réalité : « Il n'y a pas d'équivalent en français, souligne Claire Bardainne. Il définit ce qui est impermanent et ne dure pas. Il évoque une matière insaisissable associée à notre condition humaine précaire et fugace, associée aussi à la nature changeante. » Ce terme synthétise le travail même des partitions numériques de la compagnie sans cesse mouvantes.
À l'origine donc du projet, un mot et l'envie de proposer l’installation à une danseuse comme nouvel espace de jeu. Comment Akiko habite t-elle ce mot et quel voyage nous offre t-elle dans ce cube ? Elle démarre au sol en position fœtale pour terminer debout dans une ascension virevoltante, tel un derviche tourneur au féminin. Elle entame sa performance par des gestes autocentrés, témoin d’une intériorité avant de gagner progressivement en amplitude gestuelle, ouverte au monde.
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>> Illustrations : Laurence Fragnol pour l'HEXAGONE - Scène nationale de Meylan (Flickr, DR)
>> Source : article initialement publié par Christiane Dampne sur Echosciences Grenoble, le 21 janvier 2013