La littérature avec estomac grâce au Printemps du livre de Grenoble

Publié Mardi 9 avril 2013

Édito du n°884 - mercredi 10 avril 2013 - Petit Bulletin Grenoble

En 2002, l'écrivain français Pierre Jourde sortait son très polémique essai La littérature sans estomac, où il dégommait la plupart des auteurs stars (Sollers, Angot...) comme les professionnels de la profession (critiques, éditeurs...). Utiliser son titre inversé pour évoquer la nouvelle édition du Printemps du livre de Grenoble nous semble être une bonne idée (non ?), tant l'équipe organisatrice s'échine à dégoter des auteurs contemporains passionnants (et accessibles aussi, l'un n'empêche pas l'autre) loin d'un star system un peu vain.

Une entreprise salutaire, d'autant plus que le fait de mettre ces auteurs en avant à une période de l'année où l'actualité littéraire est moindre (les maisons d'édition préparant la prochaine rentrée et son flot d'ouvrages) permet de prendre le recul nécessaire pour les apprécier à leur juste valeur, et sortir alors la littérature du consumérisme culturel à l'intérieur duquel certains l'ont enfermée. Car si l'on peut disserter à l'envi sur les prises de positions de Jourde quant à ses cibles, sa description d'un monde de l'édition qui perd la tête reste toujours d'actualité.

Ainsi, en septembre dernier, ce ne sont pas moins de 646 romans qui ont été publiés (un chiffre pourtant en recul, c'est dire). Combien n'ont même pas été lus ? Combien sont passés directement au pilon ? Et au fait, quelqu'un est-il arrivé à finir le pavé d'Aurélien Bellanger ? Fêtons donc sereinement le printemps avec les auteurs qui viendront à Grenoble, en prenant le temps de les rencontrer, et surtout de les lire : ils ne demandent que ça.