Gloire au Gorafi
Édito du n°885 - mercredi 17 avril 2013 - Petit Bulletin Grenoble

Mediapart sacré, Jean-Michel Apathie ridiculisé, Libé contesté... L'affaire Cahuzac aura eu au moins une vertu : celle de questionner une fois de plus les pratiques journalistiques, qui se doivent justement d'être questionnées en permanence. Et elles le sont parfois de manière détournée et efficace. En ce moment sur le web, un site d'information rencontre ainsi un succès croissant : Le Gorafi. « Jérôme Cahuzac mentait à ses enfants à Noël depuis des années », « Nicolas Demorand démissionne de Libé à cause des jeux de mots en une » ou encore « Une famille reste bloquée trois jours sur un tapis roulant en gare de Montparnasse » : la rédaction de ce site évoque tous les sujets qui font l'actu, toujours avec le plus grand sérieux.
Ce qui est évidemment une parodie du style et du traitement journalistiques s'avère implicitement une véritable charge contre l'uniformisation du langage médiatique. Car si les informations mises en avant sont volontairement grossières, la rédaction des sujets a de quoi troubler le lecteur, tant les formules et les expressions employées par Le Gorafi sont légion ici et là - les auteurs sont notamment très drôles lorsqu'ils singent les journalistes spécialisés dans les faits divers. Si bien que beaucoup de lecteurs (et même quelques journalistes) se sont laissés piéger. Alors rendons hommage à ces rigolos engagés qui critiquent habilement leurs (faux) confrères, faisant résonner avec ironie la célèbre devise du Figaro (empruntée à Beaumarchais) : « Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur. »