Eclosions théâtrales & bonnes impressions
« Eclosions théâtrales » remet le couvert en cette fin avril, pour proposer trois spectacles qui passeront chacun une fois dans trois lieux différents [Théâtre de Poche (Grenoble) CLC - l'autre rive (Eybens) & le Pot au Noir (St-Paul-les-Monestier)]. Hé oui ! 3 fois 1: ça fait 3.
Le festival « tremplin » pour les nouveaux talents du théâtre
Vendredi soir, votre serviteur s’est pointé au CLC, en n’ayant, une fois n’est pas coutume, absolument aucune idée de ce à quoi il allait assister. Une fois le spectacle commencé, la surprise fut d’autant plus grande que les pièces de théâtre montées sous forme de cabaret musical « pour homme » ne sont pas monnaie courante dans notre beau pays (n’y voyez aucune plainte, c’est juste un constat).
Le rinçage de mirettes a donc occupé une bonne partie du spectacle, puisque le talent des six jeunes comédiennes s’est déployé tant dans le jeu que dans les chorégraphies lascives, où l’œil de ces messieurs a pu chanceler à loisir sur les déhanchés & autres courbures joyeusement animées de ces nymphes à talons hauts (n’y voyez aucun soupir, c’est juste un constat).
Visuellement donc, le spectacle est réussi, car en plus du casting très Geneviève de Fontenay, il faut reconnaître que les lumières sont tout à fait dans le ton et la scénographie habilement pensée, avec ces tables à roulettes qui servent tantôt de miroir pour créer une loge d’artiste, tantôt de piste de danse.
Les scènes de théâtre qui s’intercalent avec les numéros de comédie musicale, sont elles aussi crédibles. Le texte écrit avec une certaine justesse donne à entendre la vie quotidienne de ces danseuses faite de rivalité, doutes, craintes, espoirs et désillusions. Le texte gagne même en pertinence lorsqu’il traite la question de l’amour entre 2 femmes. Possible ou impossible ? (N’y voyez aucune incitation à aller voir la pièce, je n’ai pas de pourcentage sur les recettes).
Ah et puis, il y a aussi un homme parmi ces demoiselles, qui vient régulièrement mettre son grain de sel dans le déroulement du spectacle puisqu’il est l’animateur - présentateur de ce cabaret. Le ton très fantaisiste de ces interventions qui ont vocation à parler pour ne rien dire s’inscrit parfaitement dans l’ensemble. On aimerait d’ailleurs voir le personnage s’essayer à la vente de volailles en grande surface, mais comme vous pourriez y voir une allusion au contenu du spectacle, nous nous arrêterons là pour cette revue.
Tom Porcher re belote…et c’est tant mieux
Samedi soir, ambiance différente, mais toujours réussie. Serait ce dû à la signature du spectacle, à peu près identique à « Dessous », vu la veille ? Etonnant en effet de revoir figurer le nom de Tom Porcher parmi les concepteurs du spectacle. Avant de savoir donc s’il faut rebaptiser cette édition du festival « Eclosions théâtrales » en « la fête à Tom Porcher », petit retour sur « Un peu d’optimisme bordel ».
Voilà une pièce qui porte plutôt bien son titre, puisqu’il est question de deux enfants qui croulent sous la méchanceté d’une grand mère bien plus acariâtre que Tatie Danièle. L’écriture simple et fluide montre bien à quel point la grand mère empoisonne la vie de ses petits enfants, qui sont dans une position trop fragile pour s’en émanciper. Encore que la grande sœur a beaucoup de répondant, qualité qui ne lui donne cependant pas de destination vers laquelle s’échapper…jusqu’à ce qu’un hurluberlu providentiel (et accessoirement déguisé en énorme poussin) l’aperçoive par la fenêtre et s’en amourache par un coup de flèche à Cupidon. Ce personnage, par la savante combinaison d’un discours absurde au possible (avec tout de même quelques morceaux de vérité dans la confiture), d’un costume qui fait rire les enfants de 7 à 77 ans et d’une très bonne interprétation, permet à la pièce de partir dans une direction complètement loufoque sans pour autant trahir l’atmosphère pesante engagée par la dureté du rapport entre la grand mère et ses petits enfants.
L’écriture du spectacle est ici intéressante à plus d’un titre : c’est simple mais bien vu. Il y a de la fantaisie que l’on prend d’abord pour une parenthèse récréative, mais qui sert au final l’évolution de l’histoire jusqu’à son dénouement. L’apport du burlesque est donc ici plus sérieux qu’il n’y paraît puisqu’il est un véritable carburant pour le développement de l’histoire, comme dans tous les contes qui sont réussis. Le personnage du jeune homme qui convoite la demoiselle et qui se sert de sa détresse pour tirer la situation à son profit, ou plus exactement alimenter l’illusion qu’il se fait sur le couple que lui et la demoiselle pourraient former, est lui aussi très justement dépeint par l’auteur. Ça s’impose, ça prend des initiatives, ça veut tirer les rennes mais la base est malsaine puisqu’il y a refus de voir la vérité en face. Autant d’éléments simples mais très bien agencés qui font de ce spectacle une véritable réussite.
Deux belles envolées, en somme, pour cette édition qui aura fait honneur à Tom Porcher.
D’autres critiques de spectacles vivants (mais pas que…) disponibles sur le blog
danslateteduspectateur.overblog.com