Jenifer vs. France Gall
Édito du n°893 - mercredi 19 juin 2013 - Petit Bulletin Grenoble
« Le droit d'auteur, vraiment, c'est pas possible. Un auteur n'a aucun droit. Je n'ai aucun droit. Je n'ai que des devoirs. » C'était en 2010 : dans une longue interview accordée aux Inrocks, le très rock Jean-Luc Godard s'en prenait à la loi Hadopi, et plus globalement à l'idée de propriété intellectuelle.
La semaine dernière, une polémique au casting moins intello (France Gall et Jenifer) remettait la sentence godardienne au goût du jour. En effet, la Poupée de cire, poupée de son n'a pas du tout apprécié l'album de reprises de ses chansons que nous a pondu la gagnante de la Star Ac'. C'est son droit le plus strict, et on serait sans doute de son avis si on avait daigné écouter le résultat. Sauf que France Gall va plus loin, expliquant qu'on ne lui avait pas demandé son avis.
Mais son avis, à France, on s'en fout. Car, comme elle semble le déplorer dans les colonnes du Parisien, « on ne peut pas s'opposer à ce genre de projet tant que la mélodie et les textes ne sont pas changés ». Encore heureux. De la grande star au petit groupe jouant à la Fête de la musique, chacun est libre de reprendre qui il veut, tant qu'il ne change donc pas le message (comme rebaptiser Résiste en Collabore !), et tant qu'il est en accord avec la législation niveau rémunération (d'ailleurs, dans cette histoire, France Gall ne touchera pas un centime comme simple interprète - mais elle en touchera comme ayant-droit du catalogue de Michel Berger). « J'ai entendu Poupée de cire, poupée de son chantée par Jenifer. Ça fait bizarre. Il manque ma voix. » Oui, France, il manque aussi ta voix quand Arcade Fire reprend le titre. Et alors ?
